Cet article a été initialement publié dans le magazine Jump Point 6.08.
Tumbril Cyclone
HISTOIRE DE SON DÉVELOPPEMENT
Tumbril Land Systems fut créé en 2536 sur Saisei dans le but précis de produire des véhicules terrestres d’exploration afin d’aider l’humanité dans son expansion stellaire alors en plein essor. Ses fondateurs, Kavya Crosby et Aaron Douze, un couple de colons financés par l’université de Saisei, estimaient que les récentes tentatives pour appliquer la technologie de lévitation gravitationnelle (HOV) aux véhicules d’exploration terrestres n’étaient pas la bonne voie à suivre. Leur projet prit pour leitmotiv le slogan “Robuste, rapide, durable” en vue de créer leur premier modèle à roues, le “DX20”.
La version initiale du DX20 fut développée par Crosby et Douze. Les spécifications du véhicule furent établies en un temps record et un prototype sur mesure fut rapidement mis au point. Le DX20 fut conçu spécifiquement pour évoluer dans les environnements extrêmes du Désert rouge de Yar et devait être capable de parcourir aussi bien des mondes de glace que des bas-marais sur des planètes aquatiques. Le couple passa des années à tester prototype après prototype “en pleine nature”, afin de construire un véritable engin “brut de décoffrage”.
Le DX20 fut mis sur le marché en 2537, après avoir été livré aux investisseurs initiaux à la fin de l’année précédente. Les ventes initiales furent modestes, mais le DX20 s’avéra très populaire parmi les colons, qui louaient la capacité du véhicule à traverser des environnements extrêmes et ses besoins d’entretien relativement simples. L’équipe de conception avait apparemment tenu ses promesses : un véhicule tout-terrain robuste, rapide et durable. Bien que les ventes soient restées faibles, Tumbril commençait à se forger une réputation de fournisseur qualitatif de produits adaptés à la Frontière. Pendant une courte période, le DX20 était bien parti pour devenir un nouveau symbole de l’expansion pacifique de l’humanité dans les étoiles.
Cependant, le DX20 n’entrera pas dans l’histoire comme un véhicule d’exploration renommé. L’actualité, à savoir le début de la Première Guerre Tevarine, rattrapa vite Tumbril. L’UPE changea du jour au lendemain d’orientation : les investissements dans la colonisation cessèrent immédiatement, et les concepteurs et fabricants de la galaxie connue furent recrutés pour adapter leurs machines et leurs usines à l’effort de guerre. Voulant à tout prix équiper ses corps expéditionnaires pour la première grande guerre inter-espèces, l’armée de terre de l’UPE se tourna vers Tumbril pour transformer le DX20 en une arme de guerre robuste, rapide et durable. L’équipe de conception du DX20 s’attela immédiatement à la tâche et produisit rapidement la première version militaire du véhicule, officiellement baptisée Cyclone par l’UPE Army.
Le véhicule connut son premier moment de gloire début 2543, lors d’un combat plus tard baptisé “Première bataille de la chaîne d’Argon”. Une unité de l’armée de terre de l’UPE, équipée à la hâte de Cyclone armés, se retrouva dans une situation privilégiée pour prendre le dessus sur une division de chars tevarins nettement plus puissante. Le colonel A.J. Krate, qui recevra la médaille d’honneur pour ses actions, mit au point une stratégie permettant à ses forces limitées de détruire ou de capturer l’ensemble de l’effectif ennemi. Krate ordonna à un tiers de ses Cyclone de se placer sur les flancs gauche et droit, le long de la chaîne montagneuse d’Argon, en veillant à ce que leur position soit bien visible pour l’ennemi. Pendant ce temps, il positionna un autre contingent de Cyclone armés de roquettes le long de la crête elle-même, leur permettant d’agir comme une artillerie de fortune tirant sur les forces tevarines dispersées en contrebas dans la vallée. Son troisième groupe de Cyclone, resté camouflé directement au centre du champ de bataille, devait surgir, ainsi que les roquettes, seulement lorsque les Tevarins croyaient leur victoire assurée. D’un seul signal, Krate déclencha le piège et engagea les chars tevarins dans une bataille frontale à courte portée. C’est là que le maniement du Cyclone s’avéra vital : alors que les chars tevarins avaient du mal à viser à si courte distance, les Cyclones purent manœuvrer à travers et autour d’eux pendant trois heures d’un combat intense, presque face à face. La bataille fut suivie de près par un groupe de reporters embarqués et son issue constitua une victoire majeure pour la propagande. De plus, la capture de chars tevarins entiers permit d’effectuer des recherches essentielles sur les armes ennemies, contribuant ainsi à renverser la vapeur durant la phase initiale de la guerre.
Pour le reste du conflit, les Cyclone furent omniprésents. Ils servirent dans tous les systèmes impliqués et jouèrent un rôle important derrière les lignes. Le gouvernement de l’UPE en acheta des dizaines de milliers supplémentaires et, à la fin de la guerre, la production comprenait 27 usines capables de fabriquer un Cyclone toutes les 35 secondes.
Dans les années qui suivirent, Tumbril répartit ses efforts entre la reconquête du marché des véhicules d’exploration et la satisfaction des lucratifs contrats gouvernementaux. Le premier objectif fut en quelque sorte victime du second, car d’innombrables Cyclone produits pour l’effort de guerre étaient désormais disponibles sur le marché libre des surplus, réduisant ainsi le besoin global de véhicules d’exploration neufs. Au fil du temps, Tumbril devint entièrement dépendant des contrats gouvernementaux et déploya beaucoup d’efforts pour tenter de reproduire le succès du Cyclone avec un armement plus complexe. Bien que l’entreprise ait ensuite créé pour le gouvernement Messer des barges d’armement HOV, des chars, des plates-formes d’artillerie et d’autres armes familières , aucune ne s’avéra aussi réussie ou emblématique que le Cyclone.
Dans la sphère publique, Cyclone jouit d’une réputation florissante. La disponibilité d’innombrables véhicules excédentaires, dont beaucoup n’avaient jamais été utilisés au combat, fit que même les colons les plus économes avaient souvent un Cyclone garé à l’extérieur de leur préfabriqué. Le marché secondaire des pièces détachées et des améliorations prospéra, tandis que Tumbril Land Systems souffrait comme d’autres entreprises militaires de l’époque. Seule éclaircie au tableau pour la société, le Cyclone lui-même ne fut jamais associé aux Messer. Au moment de la chute du régime, il était considéré comme un vétéran héroïque d’une guerre noble plutôt que comme un outil d’oppression. Un célèbre hologramme montrant le blocus du palais de Linton Messer XI par un groupe de Cyclone renforça également l’idée que le véhicule appartenait au peuple.
En 2862, Tumbril Land Systems ferma ses portes suite à une baisse d’intérêt pour les véhicules militaires. Les actifs de l’entreprise furent vendus et les usines reconverties dans la construction de vaisseaux pour des sociétés telles qu’Argo et MISC. La propriété intellectuelle, y compris la conception générale et la marque du Cyclone, fut vendue à un consortium de petits acheteurs dans le cadre de la faillite. L’histoire du Cyclone aurait dû s’arrêter là… mais il n’en fut rien. En 2946, une coentreprise, créée par le PDG de DevCo, Terrence Naban, et plusieurs petits investisseurs, surprirent l’Empire en annonçant le retour du Cyclone, de nouveau sous la marque Tumbril. Une petite équipe de concepteurs passa quatre ans à moderniser le DX20 original avec des composants du 30e siècle, dans le but de fournir à nouveau aux explorateurs un véhicule fiable et emblématique. L’objectif était également d’obtenir des contrats gouvernementaux lucratifs pour la fabrication d’armement dans le cadre du conflit vanduul, qui prenait de plus en plus d’ampleur. Des usines modernes de Cyclone furent ouvertes dans les systèmes Centauri, Terra et Ellis, et d’autres sites déjà réservés en vue d’une expansion future.
Tumbril produit actuellement cinq variantes civiles du Cyclone, en plus d’un modèle militaire réservé aux forces armées de l’Empire Uni de la Terre. Les modèles civils s’inspirent largement des améliorations du marché secondaire apportées par les habitants de la Frontière du 28e siècle. Il s’agit des modèles suivants :
- Cyclone : le modèle de base. Presque identique au modèle militaire, à l’exception du retrait de certains blindages et d’éléments de contrôle classifiés.
- Cyclone-AA : le modèle antiaérien. Armé de missiles sol-air et d’un ensemble de contre-mesures, il s’agit d’un clin d’œil à l’artillerie de fortune utilisée lors de la bataille de la chaîne d’Argon, bien qu’il soit nominalement équipé pour la défense aérienne légère plutôt que pour des frappes au sol.
- Cyclone-RC : le modèle de course. Dépouillé de tout superflu, le RC a reçu un système d’admission modifié pour une vitesse et une maniabilité améliorées. Il s’agit d’une tentative de modernisation des courses de buggys, populaires parmi les colons des mondes lointains n’ayant pas accès à des divertissements plus structurés.
- Cyclone-RN : le modèle de reconnaissance léger. Il est destiné aux prospecteurs et autres explorateurs qui ont besoin d’accéder à des scans rapides et détaillés. Il est équipé de capteurs supplémentaires et configuré pour le déploiement de balises.
- Cyclone-TR : le “lourd” du groupe. Le Cyclone-TR est doté d’un blindage amélioré et d’une tourelle civile habitée pouvant accueillir un petit canon. Il est principalement vendu aux mondes de la Frontière confrontés à la menace des raids vanduuls.
Aujourd’hui, le Cyclone est le véhicule à roues le plus vendu de la galaxie, dépassant même le très répandu Greycat. La nouvelle société Tumbril Land Systems est en pleine ascension, bien qu’elle suive les traces de son ancêtre et cherche à obtenir de nouveaux contrats militaires avec le char Nova remis au goût du jour. Elle a déclaré avoir l’intention de produire des variantes civiles supplémentaires du Cyclone si le besoin s’en faisait sentir, avec une mise à jour annuelle de la gamme existante.