Portfolio : Les Guerres de l’Unification

Traduction: Ezryane
Relecture: Cosmographe, LeMage, odysseus1992
Intégration: Ezryane

Cet article a initialement été publié dans le magazine Jump Point 10.08.

L’expansion de l’humanité dans les étoiles s’est heurtée à d’innombrables obstacles au fil des siècles, qu’il s’agisse de défis technologiques monumentaux ou de rencontres avec des races extraterrestres hostiles et agressives. Cependant, certains historiens affirment que l’obstacle le plus important a été le refus de l’humanité de mettre de côté des siècles de différences culturelles tenaces pour s’allier les uns aux autres. En 2380, les nations de la Terre se réunirent et, à l’issue de longues négociations âprement disputées, convinrent d’un accord jusqu’alors inimaginable : s’unifier sous un gouvernement central qui dirigerait l’expansion de l’humanité dans l’espace. Si beaucoup célébrèrent la création des Nations unies de la Terre (UNE), d’autres décidèrent de la combattre, ce qui donna lieu à quatre années de conflits et de troubles sanglants entre 2380 et 2384, connues sous le nom de Guerres de l’Unification.

LA MUTINERIE DU STANLEY

Le vaisseau de guerre Stanley fut commandé et mis en service par la nation d’Amecanio en 2369. Toujours en excellent état, le croiseur de bataille fut transféré à l’UNE en 2380. Plus d’un tiers de l’équipage, y compris le capitaine, démissionna avant le transfert après avoir juré fidélité à leur patrie et refusé de rejoindre la Navy naissante de l’UNE. De nouvelles recrues furent affectées aux postes vacants afin d’incarner sa nouvelle composition multilatérale et multiculturelle. Cependant, ces changements provoquèrent la colère du reste de l’équipage originaire d’Amecanio, entraînant des affrontements qui donnèrent lieu à de nombreux rapports disciplinaires pour bagarre et insubordination.

Alors que des rumeurs circulaient selon lesquelles ces révoltés du Stanley seraient dispersés et réaffectés sur d’autres vaisseaux, certains d’entre eux prirent les choses en main. Le 20 octobre 2380, ils prirent les armes et se mutinèrent pour prendre le contrôle du vaisseau. Leur plan initial était d’utiliser le Stanley pour “libérer leur pays de la tyrannie de l’UNE” en attaquant un certain nombre de grandes villes de la Terre si leurs demandes de retour à la souveraineté d’Amecanio n’étaient pas satisfaites. Au cours d’une opération héroïque et couronnée de succès, la Navy de l’UNE mit le Stanley hors d’état de nuire et le reprit sans la moindre perte. Les responsables de la mutinerie furent jugés, et la plupart condamnés à des peines légères dans un élan de compassion. Les trois meneurs reçurent cependant des peines sévères afin d’envoyer un message aux autres sympathisants anti-unification. Malheureusement, les actions de l’équipage du Stanley ne firent qu’en inciter d’autres à suivre leur exemple.

Le 9 décembre 2380, deux vaisseaux de guerre de l’UNE, le Panjwani et le Cassano, disparurent au cours d’une patrouille de routine. Promptement envoyés par la Navy pour déterminer leur sort, les vaisseaux de l’équipe de recherche tombèrent dans une embuscade. Les capitaines et les équipages du Panjwani et du Cassano avaient secrètement orchestré leur défection et, après avoir repoussé l’équipe de recherche, ils diffusèrent un message appelant les autres vaisseaux de l’UNE à “se joindre à eux pour rejeter l’autorité hégémonique de l’UNE”. La semaine suivante, quatre autres vaisseaux de guerre les rejoignirent et créèrent une alliance informelle dont la principale revendication était la dissolution de l’UNE. Cependant, le groupe ne s’unifia jamais complètement, chaque vaisseau continuant à opérer sous son propre commandement et à formuler des demandes supplémentaires spécifiques à la nation d’origine de son équipage, parfois même en opposition directe l’un avec l’autre.

Soucieuse de ne pas laisser la mutinerie gagner d’autres bâtiments, la Navy prit la décision radicale de réaffecter les équipages de tous ses vaisseaux restants afin de s’assurer que les personnels originaires du même pays ou ayant déjà travaillé ensemble soient séparées. Cette mesure ralentit la neutralisation des vaisseaux rebelles, quoique certains pensent que cela empêcha la défection d’autres vaisseaux de la Navy. Entretemps, les six vaisseaux de guerre alliés anti-unification, alliés de circonstance, attirèrent la Navy dans des escarmouches en s’approchant de villes terriennes et martiennes et du point de saut vers Croshaw. La Navy les engageait brièvement , mais évitait toujours une bataille totale. Elle prétendait donner la priorité à la protection des civils et des villes, l’état-major craignant également que la destruction des vaisseaux de guerre ne crée autant de martyrs pour le mouvement anti-unification, et voulant qu’ils réintègrent  intacts à la flotte de l’UNE. L’accent ainsi mis par la Navy sur la neutralisation et la récupération en frustra plus d’un et permit aux vaisseaux rebelles de s’échapper à plusieurs reprises. Lorsqu’une escarmouche endommagea gravement un vaisseau de guerre de la Navy en causant la perte de cinq de ses membres d’équipage, la Navy passa à l’offensive et commença à s’attaquer aux vaisseaux anti-unificationnistes au lieu d’attendre qu’ils menacent des territoires. Quatre d’entre eux furent mis hors d’état de nuire et capturés, et deux furent détruits. Le Panjwani résista le plus longtemps et avant d’être finalement détruit le 22 mars 2381. Cependant, la guerre ne tarda pas à réapparaître sur un nouveau front.

SIÈGE DE SYRTIS

Les tensions restèrent vives jusqu’au milieu de l’année 2381, avec un nombre croissant d’anti-unificationnistes exprimant publiquement leur désir de dissoudre l’UNE. Les services de renseignement surveillaient leurs discussions, notant que l’on croyait communément que les vaisseaux de guerre séparatistes avaient échoués dans leurs objectifs faute d’une zone d’atterrissage pour être réparés et se réapprovisionner. En juin 2381, un rapport des mêmes services signala que la colonie reculée de Syrtis sur Mars, qui abritait un important groupe d’expatriés de Sumerkadia opposés à la dissolution de leur pays, avait ouvert sa ville à tous les anti-unificationnistes alliés à une ancienne nation. La population de Syrtis augmenta considérablement, et la colonie commença à s’étendre et à renforcer ses fortifications. Lorsque des tourelles antiaériennes de qualité militaire obtenues illégalement furent installées au début du mois d’août, les forces envoyées par l’UNE pour les récupérer rencontrèrent une résistance acharnée. Ce niveau inattendu de violence surprit les militaires, qui décidèrent de ne pas aggraver la situation en mettant en danger les civils de Syrtis. Au lieu de quoi l’armée retira ses forces, encercla Syrtis, et attendit.

Non content d’empêcher quiconque d’entrer ou de sortir de Syrtis, les militaires de l’UNE instaurèrent une zone d’exclusion aérienne et bloquèrent les transmissions afin de paralyser les communications. Les premières évaluations de l’UNE estimaient que la colonie disposait de réserves de nourriture et d’eau pour six mois, mais près d’un an plus tard, les habitants de Syrtis restèrent intransigeants et refusèrent de se rendre. Bien que les communications de la colonie aient été coupées, des observateurs civils surveillaient la colonie et les actions de l’UNE en relayant quotidiennement des mises à jour sur la confrontation avec les milieux anti-unificationnistes. Cet épisode, bientôt connu sous le nom de “Siège de Syrtis”, devint un cri de ralliement et un outil de recrutement pour le mouvement anti-unification qui, à partir de là, se consolida en un seul groupe uni représentant les peuples de toutes les anciennes nations terriennes, connu sous le nom d’Alliance anti-Unification (AUA). Certains membres du Conseil de l’UNE estimèrent que cette impasse donnait du gouvernement une image de faiblesse et d’incapacité à faire respecter les lois auxquelles Syrtis était soumise, et ils firent donc davantage pression sur l’armée pour qu’elle règle la situation le plus rapidement possible. Lorsque les habitants de Syrtis refusèrent de négocier avec l’UNE, affirmant que le gouvernement n’avait aucune autorité sur la colonie, plusieurs tactiques de stress psychologiques furent déployées pour tenter de les épuiser pendant des jours et des jours :diffusion jour et nuit de musique à tue-tête, des bombardements aériens permanents pour couvrir et envelopper la colonie de bruit, projecteurs allumés toute la nuit… Aucun de ces stratagèmes ne ne fit céder les habitants de Syrtis de céder, renforçant plutôt le soutien de la population civile à l’AUA et sa colère envers l’UNE. Le Conseil, finalement convaincu que la perception de ce siège dans l’opinion profitait avant tout aux anti-unificationnistes, ordonna aux militaires d’y mettre fin. Le 4 janvier 2383, l’armée investit la colonie en pleine nuit et prit le contrôle de Syrtis après une brève mais sanglante bataille.

LA BATAILLE DE NEW YORK

La résolution sanglante de la situation à Syrtis suscita de nombreuses critiques et renforça le soutien à l’Alliance anti-Unification, qui de son côté fit évoluer ses tactiques et ses méthodes de communication. Les membres les plus pacifiques et persuasifs de l’AUA devinrent le visage du mouvement. Ils organisaient des rassemblements, rédigeaient des tribunes libres et faisaient constamment des apparitions dans les médias pour promouvoir leur point de vue selon lequel l’UNE était une structure de pouvoir impérialiste et non élue n’ayant aucune autorité réelle sur les gens au quotidien. Pendant ce temps, les analystes de l’UNE remarquèrent un silence troublant de la part de l’aile la plus militante du mouvement, non sans s’inquiéter de ce qui se préparait. Et ils avaient raison…

La Navy de l’UNE ayant pris des mesures pour exclure et enlever toute influence aux anti-unificationnistes dans ses rangs, l’AUA se concentra sur la construction d’une flotte de vaisseaux personnels en les dotant de systèmes d’armement peu courants et extrêmement difficiles à acquérir pour les civils de l’époque. L’alliance fit également des incursions et reçut un vif soutien au sein de la communauté des milices alors en plein essor. Après l’unification, de nombreux vaisseaux de guerre jugés trop vétustes par la Navy de l’UNE furent conservés par les gouvernements locaux et déployés pour patrouiller sur les voies de navigation, participer à des missions humanitaires et faire face à des affrontements mineurs avec une criminalité naissante. Au début de l’année 2384, les commandants de la flotte improvisée de l’AUA commencèrent à se réunir secrètement et à comploter avec les capitaines de certains de ces vaisseaux de guerre vieillissants. Contrairement aux précédents soulèvements anti-unificationnistes, celui-ci serait organisé et se concentrerait sur un objectif unique.

Le 29 juillet 2384, la Navy de l’UNE fut informée qu’un vaisseau de guerre d’une milice, disparu la semaine précédente, s’approchait de la ville de New York. Alors que les contrôleurs aériens locaux tentaient d’entrer en contact avec lui, il tira sur ceux envoyés par la Navy pour l’intercepter, avant de prendre la fuite. Lorsque la Navy mobilisa ses vaisseaux de la région pour poursuivre ce vaisseau voyou, le reste de la flotte de l’AUA attaqua New York en ciblant la Plaza des Nations unies de la Terre (UNE Plaza), qui abritait les principaux organes législatifs et administratifs du nouveau gouvernement unifié. Leur mission était simple : détruire le siège du pouvoir des Nations unies de la Terre, puis profiter du chaos qui s’ensuivrait pour convaincre pays et régions d’abandonner le gouvernement unifié. Dès qu’elle comprit l’ampleur de l’attaque, la Navy rappela la plupart de ses forces pour défendre New York, laissant toutefois de petites flottes pour défendre les installations militaires clés de Port Renatus sur Mars et d’Angeli dans  Croshaw, au cas où l’attaque sur New York eût été une double feinte.

Pendant des heures, le ciel de New York s’embrasa. Les habitants se réfugièrent dans les sous-sols et les tunnels du métro tandis que débris et vaisseaux endommagés s’écrasaient sur la ville. La Navy avait supposé à juste titre que la cible visée était l’UNE Plaza et mit tout en œuvre pour la défendre. Lorsqu’il parut évident que les anti-unificationnistes ne seraient pas en mesure de briser la ligne de défense de la Navy, ils modifièrent leur tactique pour répandre au maximum la peur et le chaos en s’attaquant à toute l’agglomération de la ville. Certains de leurs vaisseaux de guerre tiraient au hasard sur des bâtiments, tandis que d’autres s’écrasaient intentionnellement sur la ville plutôt que de se rendre. Le nombre de vaisseaux rebelles de l’AUA diminuant, plusieurs d’entre eux s’enfuirent pour se cacher dans les confins du système solaire ou se faufiler dans Croshaw. Sachant qu’aucun port de l’UNE ne leur offrirait refuge, les équipages de ces vaisseaux formèrent plusieurs gangs de hors-la-loi bien connus par la suite,  dont bon nombre devinrent tristement célèbres pour leurs raids sur les voies commerciales de Sol et de Croshaw en dépit des efforts de l’UNE pour les traduire en justice.

La bataille de New York mit un terme définitif au principal mouvement anti-unificationniste. La destruction massive et arbitraire de la ville de New York et de ses environs suscita la colère des habitants de l’UNE et détourna définitivement le grand public du mouvement. Bien qu’il y ait encore eu de brèves escarmouches avec des anti-unificationnistes au cours des décennies suivantes, les historiens considèrent officiellement la bataille de New York comme l’ultime  affrontement majeur des Guerres de l’Unification. Les destructions subies par New York furent considérables, encore que de nombreux sites célèbres et importants sur le plan culturel furent heureusement préservés. Aujourd’hui, de nombreux historiens considèrent que l’effort massif de reconstruction, dont la décision de RSI de construire un énorme complexe abritant son siège social là où le plus grand vaisseau de guerre s’était écrasé, joua un rôle clé dans la modernisation de la ville de New York et conduisit à des améliorations qui renforcèrent son statut de capitale politique et culturelle, un pied fermement ancré dans le passé et l’autre dans l’avenir. Bien que les Guerres de l’Unification aient vu l’humanité confrontée à de grandes divisions et à de terribles conflits internes, le résultat permit de rallier de nouveaux et plus larges soutiens et de consolider la souveraineté d’un gouvernement humain unifié qui mènerait sans faillir l’espèce en vue d’un univers plus vaste.

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