Jerry : Une histoire à moitié oubliée

Traduction: Cosmographe
Relecture: LeMage, odysseus1992

Cet article a été initialement publié dans le Jump Point 10.9.

Aux confins du système Davien se trouve le musée de l’Amitié banu, qui célèbre la relation spéciale entre les Humains et les Banus depuis son ouverture en 2838. Le musée accueille un flot constant d’Humains, qu’ils soient touristes ou étudiants en voyage d’étude, mais relativement peu de visiteurs banus. Pour attirer et fidéliser ces derniers, le musée a récemment transformé sa boutique de souvenirs en un marché d’inspiration banu. Le conservateur Orisaka a également réorganisé l’exposition principale, qui retrace de façon chronologique les relations entre les deux espèces, en ajoutant près de son entrée de grandes images de Jerry, le premier Banu rencontré par l’humanité. Orisaka espère que ces images, bien visibles depuis le hall d’entrée, attireront les Banus vers l’exposition par pure curiosité. Si Jerry est facilement identifiable par de nombreux Humains, puisque son nom et son image font partie intégrante du programme d’études de l’Équivalence, les Banus, qui ne glorifient pas culturellement les figures marquantes de l’histoire, l’ont complètement oublié. Aux yeux d’Orisaka, “préserver et honorer l’héritage du Banu qui nous a réunis repose entièrement sur les épaules de l’Humanité”.

PREMIER CONTACT

Il était 3h13 SET (temps standard terrestre) le 12 juin 2438, lorsque Vernon Tar entendit un signal des scanners de son vaisseau. Il était à la recherche de nouveaux points de saut dans un secteur de Davien où il avait obtenu des scans prometteurs lors de voyages précédents. Craignant qu’il ne s’agisse d’un autre navjumper tentant de lui voler sa découverte, Tar ouvrit le feu sur le vaisseau. Ce n’est qu’après ces premiers tirs qu’il réalisa que le vaisseau adverse ne ressemblait à rien de ce qu’il avait déjà vu. Tar envoya ses coordonnées et une brève description de sa rencontre aux autorités locales, qui les transmirent à leur tour aux Nations unies de la Terre (UNE). À sa grande surprise, le vaisseau maintint sa position quand il devint évident que Tar ne représentait plus une menace. À l’intérieur de ce vaisseau, ultérieurement connu sous le nom de Defender, se trouvait Njeri, auquel l’UNE donnerait ensuite le nom de Jerry. Plus tard, lorsque Njeri apprit qu’il s’agissait d’une interprétation assez fidèle de son nom banu dans la langue des Humains, le Banu considéra ce nom comme une marque d’honneur et insista pour qu’on l’appelle exclusivement ainsi. Le Banu ne fuit pas, réalisant qu’il venait de rencontrer une nouvelle espèce. Il espérait que sa découverte lui permettrait de rentrer chez lui sans encombre.

Ce n’était ni l’ambition professionnelle ni la curiosité scientifique qui avaient amené Jerry à Davien, mais sa survie pure et simple. Il avait en effet été pris en flagrant délit de détournement de fonds de son souli et s’était enfui pour échapper aux conséquences. “Jerry était loin d’être un génie du crime”, selon Natalia Gordillo, membre de l’équipe diplomatique de l’UNE constituée à la hâte, qui se lia d’amitié avec le Banu et écrivit la biographie Jerry. Bien que l’absence d’archives historiques au sens propre chez les Banus rende certains aspects de son livre quasi invérifiables, les spécialistes considèrent toujours le livre de Natalia Gordillo comme la biographie de référence sur Jerry, puisque la seule écrite par un auteur l’ayant connu.

Publié en 2447, Jerry devint un best-seller, s’agissant pour de nombreux Humains du premier aperçu détaillé de la vie et de la culture des Banus. Le livre révèle des détails fascinants sur les soulis, la pratique du renoncement, la relation des Banus avec le temps, et bien d’autres choses encore. Mais il raconte aussi une histoire profondément personnelle et universelle, celle de Jerry qui ne se sentait pas à sa place dans la vie. Tout bureaucrate “encroûté” qu’il était dans son souli, Jerry rêvait d’être pilote et voulait utiliser les fonds détournés pour s’acheter un poste dans un souli d’exploration respecté. Lorsque son essosouli flaira le plan de Jerry, celui-ci paniqua et s’enfuit à bord d’un de leurs vaisseaux, ce qui donna lieu à plusieurs jours de course-poursuite qui le conduisirent finalement, par pure chance et grâce à quelques compétences innées, à découvrir un point de saut vers Davien.

HÉRITAGE

Après le premier contact, la barrière de la langue rendit presque impossible la communication entre Jerry et la délégation humaine de scientifiques et de militaires dirigée par le général Neal Socolovich. Des documents déclassifiés, aujourd’hui exposés au musée de l’Amitié banu, font état de la nature affable de Jerry et de sa volonté de travailler avec l’équipe TECH-Div pour comprendre la langue de l’autre. Ces documents décrivent également un incident célèbre au cours duquel un assortiment de nourritures fut présenté à Jerry qui se mit alors à tout manger, y compris l’emballage du sandwich et de la barre nutritive.

D’autres Banus apparurent dans Davien deux semaines après l’arrivée de Jerry. Cette délégation rencontra le général Socolovich et passa les mois suivants à surmonter la barrière de la langue. Cela conduisit au premier accord de paix et de commerce interstellaire (Interstellar Peace and Trade Accord), ratifié en octobre 2438, que Jerry signa à titre honorifique. Au cours des mois qui suivirent, Jerry aida les équipes à déchiffrer la langue de l’autre et se passionna de plus en plus pour tout ce qui touche à l’Humanité. Lorsque la délégation banu s’apprêta à rentrer chez elle, elle proposa à Jerry soit de rester dans Davien en tant qu’envoyé officiel, soit de repartir pour le Protectorat sans risque de répercussion pour ses crimes. Jerry revint au Protectorat, s’attendant à y être célébré pour sa découverte. Cette décision aura été le plus grand regret de sa vie.

Son souli accepta de le laisser achever son contrat, mais le traita avec méfiance. Ils le réaffectèrent en effet dans un nouveau service où les superviseurs surveillaient ses moindres faits et gestes. Dans la biographie Jerry, Gordillo écrit qu’il avait espéré voir sa découverte lui ouvrir de nouvelles opportunités, mais que son souli n’était pas intéressé par les relations avec les Humains. Après n’avoir passé que quelques mois dans une position vraiment privilégiée et unique au contact de l’Humanité, Jerry eut un mal fou à retourner à son ancienne vie. Dès qu’il en eut la possibilité, il rompit officiellement ses liens avec son souli pour voler de ses propres ailes.

Entre deux âges et sans souli, une combinaison suspecte aux yeux de nombreux Banus, Jerry créa son propre souli de relations humaines, mais ne parvint pas à décrocher de contrats. Depuis son retour, d’autres soulis prêts à remplir ce rôle avaient rapidement émergé, et Jerry comprit qu’il ne pouvait pas rivaliser avec des soulis parlant couramment la langue commune et possédant une connaissance plus approfondie des Humains que lui. Ses options et ses économies s’amenuisant, Jerry retourna dans Davien, dans l’espoir que la chance lui sourirait. Dès son arrivée, les gens se ruèrent sur lui pour le prendre en photo. Il attribua d’abord cela au fait qu’il était Banu, mais se rendit vite compte que les gens connaissaient son nom et son histoire. Jerry trouva toute cette attention aussi excessive qu’exaltante, avouant à Gordillo que sa vie avait changé en réalisant que “chez moi, je n’étais qu’un Banu comme les autres, tandis qu’ici… ici, j’étais spécial”.

Jerry s’installera finalement dans le système Davien pour le reste de ses jours. Il apprit à parler la langue commune et voyagea dans toute l’UNE pour donner des conférences sur la vie et la culture banus. C’est lors d’un de ces événements qu’il retrouva Natalia Gordillo, ce qui les amena à écrire sa biographie. Jerry s’éteignit à son domicile de Davien le 2 novembre 2456, entouré d’amis des deux espèces. Tant pour l’une que pour l’autre, ses actions ont à jamais changé la face de l’univers, même si seule l’Humanité se souvient encore de son nom.

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