Portfolio : WiDoW

Traduction: Ezryane
Relecture: odysseus1992

Ce portfolio a été initialement publié dans le magazine Jump Point 10.4.

Sur une lune du système Stanton se trouve un avant-poste quelconque dont peu de gens connaissent l’existence et que bien peu d’entre eux ont visité. C’était du moins le cas jusqu’à ce qu’une erreur fasse que son installation de traitement automatisée vende ses produits à un prix extrêmement bas. Ceux qui le remarquèrent essayèrent de garder le secret, mais la nouvelle se répandit comme une traînée de poudre dans les milieux interlopes du système. Bientôt, cet avant-poste désormais connu sous le nom de “Jumptown” devint une zone de guerre dont les hors-la-loi se disputaient l’accès. Ces batailles féroces attirèrent l’attention au point que le sujet fut même abordé lors d’une audition du Sénat consacrée à l’augmentation du taux de criminalité dans Stanton. Quel produit onéreux et toujours très demandé, mais vendu à vil prix à cette occasion, a donc poussé les gens à se battre pour cette installation de traitement ? La WiDoW, un opioïde synthétique devenu l’une des drogues récréatives les plus répandues dans l’UEE, mais aussi l’une des plus dangereuses, non seulement en raison de son impact dévastateur et tragique sur ceux qui tombent sous son emprise, mais aussi parce que certains sont prêts à tout pour en tirer profit.

La WiDoW est un stupéfiant hautement transformé et illégal que l’on s’injecte directement dans le sang. Son nom évocateur provient de l’un des principaux effets secondaires de son usage intensif : la consistance visqueuse et noire de la drogue peut colorer les veines de l’utilisateur, créant des motifs sous-cutanés semblables à des toiles d’araignée. Substance de classe A dont la possession et la distribution sont illégales dans l’UEE, la WiDoW procure une sensation d’euphorie extrême, tout en soulageant la douleur avec des effets anxiolytiques. Nocive pour le corps humain, elle crée également une forte dépendance. Sa consommation répétée peut entraîner non seulement l’apparition de marques noires, mais aussi des collapsus veineux, diverses maladies du foie et des reins, des problèmes cardiaques, etc.

La grande disponibilité de la WiDoW est en partie due à sa relative facilité de production, permettant à tout le monde, syndicats du crime multi-systèmes ou particuliers, de la fabriquer et de la vendre. Bien que sa fabrication soit facilement reproductible, sa puissance peut considérablement varier en fonction de plusieurs facteurs, notamment la qualité de ses ingrédients, la propreté de l’équipement et les fluctuations de température au cours du traitement. Certains utilisateurs de longue date affirment même que ne pas connaître la puissance d’une dose fait partie de leur plaisir. Si la WiDoW aujourd’hui disponible est entièrement synthétique, la substance a des origines organiques qui ont façonné son image initiale de drogue de synthèse relativement sûre et extrêmement exclusive.

LE POUVOIR DES FLEURS

La montée en puissance de la WiDoW est un mélange séduisant de faits et de fiction. Certains détails sont bien établis, tandis que d’autres se perdent dans le brouillard de l’histoire, des demi-vérités et des classifications top secrètes. Tout commence avec la découverte du système Oso en 2861. L’atmosphère respirable et la biosphère luxuriante de la planète Oso II en ont fait la cible privilégiée des équipes d’exploration gouvernementales. Cependant, après la découverte des Osoïens, l’espèce en développement la plus avancée jamais rencontrée par l’UEE, la planète fut placée sous la protection de la Loi pour l’égalité des chances. Un strict confinement fut instauré pour empêcher l’exploration approfondie de ses biomes luxuriants et variés. Cependant, une équipe d’experts qui explorait déjà sa région tropicale avant le confinement parvint à y collecter une poignée d’échantillons de plantes indigènes uniques.

Les scientifiques baptisèrent officieusement l’une de ces plantes déracinées “spirale de nuit”, en raison des tourbillons multicolores qui se détachent sur les pétales sombres de la fleur. Les scientifiques du gouvernement l’étudièrent, mais ils eurent du mal à la propager. Oso II étant interdite d’accès, il était hors de question d’y retourner pour comprendre son environnement naturel. Les scientifiques choisirent alors d’hybrider la plante selon diverses techniques, entre autres par greffe et modification génétique, et ils découvrirent qu’une variante produisait des graines contenant des alcaloïdes. Les recherches menées sur le pouvoir médicinal et les effets intoxicants de ces graines restent encore très confidentielles. À un moment donné du processus, quelqu’un en découvrit le potentiel et des échantillons de graines disparurent d’un centre de recherche.

Les rumeurs au sujet d’un nouvel opioïde injectable appelé “NightNight” se répandirent à partir de la fin de l’année 2867. Il s’imposa rapidement comme la drogue à la mode, accessible uniquement à une élite très restreinte en relation avec la pègre. La popularité du NightNight ne fit que croître lorsque le bruit circula que ce puissant opioïde ne créait pas de dépendance. Cette rumeur se révéla tragiquement fausse, mais l’on estime que la plupart des premiers consommateurs ne tombèrent pas sous son emprise en raison de sa disponibilité limitée et exclusive.

La demande monta en flèche, tandis que la production restait à la traîne. Les nouvelles plantes produisaient relativement peu de graines et la fabrication du NightNight devint coûteuse, longue et extrêmement délicate. On pense que des chimistes clandestins travaillèrent pendant des années sur une version entièrement synthétique avant de perfectionner le processus en 2879. L’histoire raconte qu’à la même époque, le chimiste ayant découvert la formule vendit à un prix exorbitant ce procédé secret à plusieurs gangs, avant de disparaître. Que cette histoire soit apocryphe ou non, le processus de fabrication s’est largement répandu dans l’UEE en l’espace d’un an.

LES TOILES NOIRES

La première version synthétique du NightNight fit son chemin dans les cercles des riches et des puissants. Désormais rapide et facile à produire, la drogue s’étendit rapidement à ceux qui voulaient désespérément l’essayer sans avoir les moyens de s’en procurer. Bien sûr, peu d’entre eux savaient que la version qu’ils avaient payée au prix fort était entièrement synthétique et ressemblait de très loin à la drogue originale.

Cette disponibilité accrue entraîna la hausse de sa consommation. Ce qui n’était qu’une habitude mensuelle pour une petite élite devint soudain la routine quotidienne d’un pourcentage croissant de la population. En peu de temps, les répercussions d’une surconsommation de la variante synthétique devinrent visibles. La gravité de cette dépendance fut révélée au grand jour quand le sort de la mondaine Khali O’Brien fit la une des journaux en 2880. Des amis d’O’Brien révélèrent à la presse leur inquiétude face à sa soudaine et spectaculaire perte de poids et à l’apparition troublante de veines noires sur son cou. Les paparazzis suivirent ses moindres faits et gestes, et lorsque les couches d’anti-cernes eurent échoué à cacher ses veines noires, O’Brien se mit à porter des écharpes et des cols roulés noirs. Cela incita un chroniqueur à potins à la qualifier de “Veuve noire” (“Black Widow”), terme évocateur qui s’imposa à mesure que ces motifs noirs évoquant des toiles d’araignée apparaissaient sur un plus grand nombre d’utilisateurs. Ce phénomène et la nature désormais entièrement synthétique de la drogue incitèrent les autorités gouvernementales à la classer séparément sous le nom de WiDoW afin de la distinguer de son ancienne version non synthétique, les majuscules inhabituelles provenant de l’abréviation “WDW”, couramment utilisée pour désigner la drogue dans le spectrum et les comms.

Malgré ces effets indésirables évidents et l’explosion des taux de dépendance, de nombreux utilisateurs de la fin du 29e siècle croyaient encore que, comparée à d’autres opioïdes, la WiDoW était relativement sûre. Cette fausse conviction, associée à la grande disponibilité de la drogue, conduisit le gouvernement de l’UEE à déclarer la WiDoW comme “l’un des problèmes de santé publique les plus importants du 30e siècle” et à la classer comme stupéfiant de classe A. En dépit des milliards de crédits investis dans les campagnes de sensibilisation à l’échelle de l’Empire, les centres de désintoxication, les services d’aide aux toxicomanes et dans bien d’autres actions, la WiDoW reste toujours aussi populaire et rentable ; une situation qui, selon les experts, n’est pas près d’évoluer, à moins d’un changement radical sur les plans culturel, économique et politique.

PULSAR42 Association à but non lucratif de droit français régie par la loi du 1er juillet 1901, N° RNA : W923006718. SIRET 839 734 175 00012 - APE 9499Z

Design By June Lottin

This site is not endorsed by or affiliated with the Cloud Imperium or Roberts Space Industries group of companies. All game content and materials are copyright Cloud Imperium Rights LLC and Cloud Imperium Rights Ltd.. Star Citizen®, Squadron 42®, Roberts Space Industries®, and Cloud Imperium® are registered trademarks of Cloud Imperium Rights LLC. All rights reserved.