Pulsations – Épisode 3

Publié par Hotaru

Ce que vous vous apprêtez à lire est une œuvre de fiction purement amateure. Cette histoire ne s’inscrit donc pas dans le lore officiel publié par les auteurs de Star Citizen.

Bonne lecture !

  • La Rédaction

Pulsations – Épisode 3

“J.D.”
Écrit par Hotaru, relu par odysseus1992

Par où commencer…?

Disons simplement que j’ai grandi au mauvais endroit, au mauvais moment. J’ai eu le malheur de grandir sur un monde n’offrant l’hospitalité qu’aux personnes les moins fréquentables. Le genre de monde dont on évite généralement de parler. Vous le trouverez sur n’importe quelle carte stellaire un tant soit peu crédible, bien entendu. Mais c’est là le seul endroit où l’on acceptera de vous en parler.

Quand j’y repense, j’ai encore cette odeur de poussière âcre qui me revient, Je me souviens de maisons en tôle et autres matériaux récupérés à la décharge locale. Du soleil qui perçait à travers le plafond de mon abri, ébranlé par chaque tempête. Mon quotidien était rythmé par les bagarres avec les autres enfants de mon âge, le racket par les gamins plus vieux, et surtout les larcins.

Je ne sais plus trop comment ça a commencé, mais je sais que je me suis rapidement retrouvé à tremper dans des combines douteuses. Les autorités ne mettaient jamais le pied sur mon monde, alors la culture locale n’était pas vraiment portée sur la morale, le civisme, ce genre de trucs.

De temps en temps, un vaisseau survolait les rues. Parfois, il s’agissait d’un chasseur de primes. Le plus souvent, c’était un transporteur rempli de marchandises volées. Il n’y avait qu’une zone où les vaisseaux pouvaient se poser pour commercer avec les gens du coin ou d’autres convoyeurs. Comme j’étais à la tête d’un petit gang, j’avais souvent des opérations à gérer là-bas. Des commandes à prendre, si vous préférez. Les gamins qui me craignaient et me respectaient m’appelaient Boss. Tout comme les quelques adultes qui m’appréciaient. Je n’ai jamais su si c’était pour me flatter ou me chambrer.

Je me souviens d’un type dénommé Sayid. Une carrure impressionnante, le visage toujours souriant malgré les nombreuses balafres qui l’ornaient. Sa peau était du même teint que les tempêtes d’argile qui rythmaient notre quotidien. Ce type me ramenait souvent des babioles, récupérées ça et là. Il était toujours gentil avec moi, parce qu’il connaissait bien ma mère.

Ce n’était pas ma vraie mère, bien sûr. Aucun des gamins qu’on trouvait dans les rues n’avaient de parents. Mais j’avais une mère pour prendre soin de moi. Pour me chanter des chansons, m’apprendre à lire, me faire souper quand la faim me tiraillait depuis plusieurs jours. Elle était unique.

En la voyant, jamais vous n’auriez pu dire qu’elle avait grandit toute sa vie dans une telle misère, sur un monde où la criminalité et les conditions météorologiques ne permettent pas d’établir autre chose que des bidonvilles. Sa beauté attirait de nombreux voyageurs. Elle était plus demandée que toutes ses amies réunies. Et pourtant, rares étaient celles et ceux pouvant s’offrir sa compagnie.

Sayid et elle avaient grandi ici. Ils étaient comme frère et soeur. Un clan pirate les avaient recrutés enfants, et leur avait attribués des tâches bien différentes. C’est ce qui avait permis à Sayid de s’élever parmi les étoiles comme contrebandier. Son vaisseau était un petit bijou : vert d’eau, minimaliste, mais incroyablement bien conçu. Les cachettes ne manquaient pas à son bord

Je me souviens du dernier jour où je vis Sayid et ma mère. Il était venu lui rendre visite, comme à chaque retour de mission. Il nous avait apporté des cadeaux. Pour elle, une magnifique cape mauve en soie Xi’an. Pour moi, une galactopédie. « Ce n’est pas grand chose, Boss, mais ça t’aidera peut-être à t’évader » m’avait-il dit en me l’offrant.

J’étais en train d’en dévorer le contenu lorsque la foudre rugit à quelques pas de là. Je me rappelle ne pas être sorti immédiatement de mon abri. Un gamin que j’avais recruté surgit à l’entrée de mon cabanon, couvert d’un mélange de sueur, de poussière et de sang. « Boss ! La maison de passe est en feu ! » hurla-t-il pour me sortir de ma lecture.

Le ciel était orange, l’air était saturé en cendres. Les hurlements des autres habitants peinaient à masquer les bruits d’armes balistiques.

Le temps d’arriver devant le petit bâtiment en feu, le gamin qui était venu me chercher avait pris une balle en pleine tête. Les cadavres jonchaient les environs. Des clients et des filles avaient été massacrés, un peu partout. Devant l’entrée, une femme avait été pendue à la devanture. Autour de son cou, un tissu soyeux aux reflets mauves.

Une main se referma sur mon épaule pendant que je chialais, à genou, au milieu des exécutions et des flammes. Je n’y avais pas vraiment prêté attention, mais des types aux armures assorties se tenaient debout au beau milieu des cadavres. La main me fit faire un mouvement de rotation, et je me retrouvai nez à nez avec le canon d’une arme rutilante.

Le coup partit près de mon oreille.

Le casque du type vola en morceau, sous l’impact de la barre d’acier que maniait Sayid. Je me souviens d’avoir couru, ou plutôt que Sayid courut en me portant. Il était couvert de sang, et je crois qu’il pleurait. Ou c’était peut-être encore moi. Il me mit à l’abri, avant de reprendre sa course.

Plusieurs jours après l’attaque, quelqu’un est venu m’apprendre sa mort. Il était parvenu à aligner trois des assaillants, avant de se faire abattre comme un chien errant. Son vaisseau était reparti, sans lui. La maison de passe finit par rouvrir, sans ma mère. Et la vie reprit dans les rues de mon bidonville, sans moi.

À la première occasion, j’ai embarqué à bord d’un cargo, du même modèle que celui de Sayid. Celui-là était moche, du même brun que l’argile qui avait enterré mon abri. La pilote n’avait aucune idée de ma présence. Quand elle était aux commandes, j’étais caché derrière une trappe où l’on pouvait dissimuler de la contrebande. Une fois couchée, je sortais pour jeter un oeil à notre trajectoire de vol, taper dans une caisse de ravitaillement, et lire des pans entiers de ma galactopédie face au cosmos.

Pendant une quinzaine de jours, j’ai survécu, comme ça. Sans le savoir, elle a fini par me déposer à bord d’une station relais, au beau milieu du vide sidéral. La nourriture qui se trouvait dans la caisse que je squattais était destinée à une échoppe assez singulière : on y vendait des vêtements, mais aussi des plats préparés à la minute. Il y avait également une partie bar, et certaines cloisons pouvaient être démontées pour créer un coin scène, pour les artistes qui souhaitent s’y produire.

Imaginez la tronche du patron, quand il a ouvert une caisse où les aliments qu’il avait commandés avaient été remplacés par un gamin couvert de crasse. J’ai bien failli goûter au vide ce jour-là, mais le vieux Samael a préféré me garder comme plongeur.

Au début, c’était amusant. Des tas de personnes différentes passaient par notre boui-boui. Les habitués m’appelaient Ario, un faux nom évidemment. Le vieux Samael, lui, ne m’appelaient qu’avec des noms d’oiseaux.

Deux ans durant, j’ai trimé pour ce connard.

J’ai fini par quitter la station grâce à l’argent de la caisse. Dans un premier temps, j’ai enchaîné les petits boulots, sous différents alias. J’ai très vite compris que je touchais mieux ma bille en trafics, en arnaques. Ça m’a valu une petite prime.

Durant un temps, j’avais une acolyte. Anju. Des yeux sombres, des cheveux d’un noir profond, et une agilité féline. Elle m’aidait à cibler mes victimes, échafauder mes plans et brouiller les pistes. On a fait ça quelques temps ensemble, jusqu’au jour où je me suis fait prendre la main dans le sac. En plein cambriolage, une chasseuse de primes m’a appréhendé et neutralisé.

J’adorerais revoir la tête que j’ai tirée, au poste, quand elle a reçu sa prime. Son casque à la main, elle m’avait décroché un dernier regard en recoiffant ses cheveux d’un noir profond. Je l’entends encore me lancer « Sans rancune, joli coeur. »

Quand j’y repense, ça me fait sourire. De tous les événements qui ont pu marquer ma vie, je crois que c’est celui-là qui m’a le plus conditionné. Sans ça, je ne me serais jamais posé les bonnes questions.

À quoi bon se limiter  ?

Pourquoi se contenter d’être un sous-fifre ?

Comment manipuler ses adversaires pour parvenir à ses fins ?

Il est loin, le gamin qui a appris à lire sur les genoux d’une catin d’Hyperion. Désormais, il n’est rien qui me soit inaccessible, pas même une cinquantaine d’étoffes de soie mauve Xi’An, pour autant de pirates. Je règne désormais sur un empire plus grand que certains gouvernements.

Mes pièges se renferment toujours sur mes ennemis alors qu’ils s’y attendent le moins.

***

« Un peu comme vous, qui êtes venu arrêter un bête animateur de jeu, pour organisation de faux concours, recèle de véhicule volé, meurtre… Hum.  » Il tire sur son stim. « La liste que vous a fournie cet agent d’information est plus longue que je n’aurais pu l’imaginer, poursuit-il en consultant un datapad. Je crois même que certains chefs d’accusations correspondent à une ancienne identité. »

Un soleil de plomb brûle la surface de la lune désertique. À l’ombre de la frégate, une vingtaines d’hommes et de femmes sont positionnés en cercle. Au centre, l’homme en costume mauve s’avance près de l’agent de l’Advocacy, couvert d’ecchymoses.  

Le costard appelle un de ses sbires pour lui confier le datapad à l’écran fendu, puis il s’accroupit pour être à hauteur de son captif. « J’avoue mon erreur : j’ai fait preuve d’imprudence. Certains de mes hommes m’avaient pourtant mis en garde : m’exposer de la sorte ne fait que me mettre en danger. Je regrette de les avoir envoyés dans le vide pour insubordination.

« Mais que voulez-vous ? J’ai le sens du spectacle, et je dois avouer que je me suis laissé prendre au jeu. J’ai bien cru à deux reprises qu’un candidat allait battre ma simulation trafiquée.

— Pourquoi… me raconter tout ça ? articule difficilement l’agent à l’agonie.

— Cela fait un moment que vous êtes surveillés par mes agents personnels, monsieur Goodwill, dit l’homme en costume en tirant à nouveau sur son stim. J’ai étudié votre parcours, très impressionnant au passage, et il s’avère que nous avons un point commun. »

Goodwill s’assied tant bien que mal pour faire face au parrain. Après avoir noté les initiales “J.D.” cousues sur son costume, il crache un molard de sang à ses pieds. « Faites-moi rêver, lui lance-t-il.

— Je sais qu’il y a quelques mois, vous avez perdu un être cher, ravi par un clan pirate sévissant dans votre système natal.

— Le rapport ?

— Je vous offre de le retrouver, monsieur Goodwill. En l’échange d’une faveur. »

L’agent spécial Goodwill ricane, avant de se tenir les côtes de douleur. « Vous-ai je donné le nom du clan qui a détruit tout ce à quoi je tenais, enfant ? lui demande l’homme en mauve.

— Quel intérêt ? toussa l’homme de l’Advocacy. C’était il y a, quoi, trente ans ? Il ne doit plus exister aujourd’hui.

— Il s’agissait du clan Shuiro.  »

À ces mots, le regard de Goodwill se fige, les yeux dirigés vers l’horizon. L’homme en costume se redresse, pour toiser son interlocuteur. « Si je vous disais où l’un de ses leaders se terre, iriez-vous le déloger pour moi ? demande le natif d’Hyperion.

— C’est quoi, votre plan ? s’enquiert l’agent, après quelques minutes de silence.

— Pour faire simple, monsieur Goodwill, répond le criminel en tendant la main, vous allez m’aider à rentrer dans l’une des plus hautes sphères du commandement de votre très cher Empire.  »

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