Une dernière mission : partie 4

Traduction: Agency
Relecture: Hotaru
Intégration: Agency

Par Amanda McCarter

Note de l’auteur : Une dernière mission : partie 4 a été initialement publiée dans Jump Point 3.12. Retrouvez les trois chapitres précédents ici, ici et ici.

Ardoss maintenait son doigt sur la gâchette de son arme. Il avait toujours su que ça se passerait comme ça. Bon, peut être pas exactement comme ça. 

Il avait finalement débusqué son ancien partenaire, Pietro Marquez, avec l’aide de Jonah Ruskella, un pilote de vaisseau. Jonah était livreur pour un pirate, Mickey Black, contre qui il avait décidé de se retourner.

Mais tout était allé de travers. La couverture d’Ardoss avait volé en éclat, le vaisseau avait été temporairement détourné, et maintenant qu’ils étaient finalement arrivé à destination, ils venaient de réaliser que Mickey avait entourloupé Pietro : la livraison promise n’était pas là. 

Maintenant, ils se trouvaient dans une ancienne station de ravitaillement abandonnée, se tenant mutuellement en joue, Jonah planté entre les deux. Après tous les risques que Ruskella avait pris pour Ardoss, il ne pouvait pas laisser Pietro le tuer. 

Tandis qu’Ardoss observait une goutte de sueur ruisseler le long du visage de son ancien partenaire, il ne put s’empêcher de penser au jour où l’Advocacy le lui avait assigné comme partenaire. Pietro avait été un débutant au teint frais. 

Ce jeune homme avait disparu. Ardoss ne s’était pas réellement rendu compte du moment où ça s’était produit. Sa chevelure noire grisonnait et s’était éclaircie. Sa bouche et ses yeux étaient cernés de quelques rides. L’exubérance de sa jeunesse s’en était allée. Maintenant, tout ce qu’il en restait était un homme âgé, fatigué et effrayé. 

« Je me rappelle de cet endroit, dit Ardoss. C’était tenu par une bande de contrebandiers. 

— Des trafiquants d’esclaves, précisa Pietro.

— De la contrebande quand même, répondit Ardoss.

— Tu as toujours tout simplifié, Ardoss, reprit Pietro. Les choses ne s’organisent pas en de petites piles ordonnées de gentils et de méchants, de contrebande et de pas-contrebande. C’est bien plus compliqué que ça.

— Je commence à m’en rendre compte, dit Ardoss.

Sa main commença à se crisper. Ils ne pourraient pas faire ça éternellement. Tôt ou tard, quelqu’un devrait tirer.

— Je ne crois pas, reprit Pietro. Si tu ne peux pas voir ce que fait Mickey Black, tu es aveugle. »

Ardoss réalisa que le gars était fatigué. Il n’était pas l’un de ces maîtres espions qui avait trahi ses principes. Il était piégé. Ardoss ne voulait plus le tuer, pas plus qu’il n’avait voulu tuer Jonah. Ça n’était pas de leurs fautes. 

« On m’a ouvert les yeux, dit Ardoss. Mickey Black est un monstre. Je veux t’aider, peu importe comment. Tu n’es pas obligé de fuir. On peut le faire tomber. 

Pietro se mit à rire.

— On ne fait pas tomber un homme comme Mickey Black. Connais-tu au moins la taille de son organisation ? Des milliers de personnes. Elle touche à tout, des livreurs comme Jonah aux espions comme moi en passant par des tueurs à gages auxquels tu ne veux même pas penser. Cet homme est un cauchemar. Un cauchemar qui marche, qui parle et qui respire. Quelque chose approche. C’est énorme, et plus que ça encore. Ça va tout changer. Je n’en suis qu’une toute petite partie.

— Tu n’es pas obligé de vivre dans la peur, dit Ardoss. Parle moi. Dis moi pourquoi.

— Je ne m’en rappelle même plus, répondit Pietro. Ça n’a aucune importance. Ma vie est foutue. Il faut que je me barre de là.

— Tu devais te douter que quelqu’un allait le découvrir, dit Ardoss. Ce genre de choses ne peuvent pas rester secrète. Et ça n’arrêtera pas l’Advocacy. Même si tu te rends en territoire Banu, ils continueront de chercher.

— C’est toujours mieux que d’être mort, dit Pietro.

— Une vie à avoir peur ? rétorqua Ardoss. Des nuits sans sommeil ? Toujours en mouvement ? Toujours à devoir regarder par dessus ton épaule ? Toi et moi, on connaît ces mecs-là. Un jour ou l’autre, ils se foutent en l’air, ou ils finissent par tellement s’isoler de l’univers connu qu’ils pètent un plomb et ne sont même plus capables de distinguer ce qui est réel de ce qui ne l’est pas. C’est pas une vie, Pietro. C’est une prison infligée à soi-même. Laisse moi t’aider. Donne tout ce que tu as sur Mickey Black à l’Advocacy, et on le fait tomber.

— Il y aura toujours quelqu’un d’autre pour prendre sa place, dit Pietro.

— Bien sûr, approuva Ardoss, mais ça en fera un de moins. On peut leur rendre la vie plus dure. Partir à la recherche de ceux qui sont forcés de leur rendre service. On peut aider, Pietro, tu sais qu’on le peut. 

— Vu que je suis coincé entre deux canons de flingues, dit Jonah,  je souhaiterais dire quelque chose. »

Pietro jeta un coup d’oeil à Jonah.

«  J’en suis rendu au même point que toi, reprit Jonah. Je vis constamment dans la peur du prochain truc que Mickey Black me demandera de faire. Peur de me faire arrêter, peur que ma famille soit blessée. Mais je suis toujours là, debout. Je ne veux plus vivre dans la peur. Je sais que tu ressens la même chose. C’est obligé. C’est pas une vie, en tout cas pas une vie qui mérite d’être vécue. Faut au moins qu’on essaie. 

— Écoute moi Pietro, dit Ardoss. Il a une femme et des gosses qui l’attendent à la maison. Il pense à eux. Pense à ta propre famille. Tu veux qu’ils s’inquiètent pour toi, à ne pas savoir où t’es ? Ou tu veux les protéger ? 

— Je veux les protéger, répondit Pietro.. 

— Bien sûr que c’est ce que tu veux, reprit Jonah. C’est tout ce que tu as toujours voulu. C’est ce que nous voulons tous. 

— Tu les feras mettre sous protection ? demanda Pietro, en abaissant son arme.

Jonah saisit l’arme et la mis dans sa poche. Ardoss baissa la sienne. 

— Oui. Mickey ne les trouvera pas. 

— Je te dirai tout, dit Pietro. Les lieux de collecte, les infos sur les livraisons, qui je rencontre et où. Il faut que tu saches qu’il prévoit…

Ce qu’il prévoyait, Ardoss ne pourrait pas le découvrir grâce à Pietro. Un coup de feu retentit sur le quai d’amarrage et Pietro s’écroula comme une marionnette dont on aurait coupé les fils. 

Jonah plongea derrière une pile de caisses trandis qu’Ardoss se jeta au sol. 

Ardoss rampa à couvert et scruta les environs, à la recherche du tireur. Il y avait trop de positions de tirs favorables ici. Il aurait dû inspecter la station en premier, mais il n’en avait pas eu le temps. Après coup, il remarqua plusieurs recoins. De vieux tuyaux, des caisses abandonnées, des passages surélevés, des portes qui donnaient sur des pièces adjacentes. Pire encore, il y avait de l’écho. Ça rendait la recherche de la source encore plus délicate.

Un nouveau tir se fit entendre et ricocha. Le tireur était bon, pour abattre Pietro en un coup. Mais quelque soit l’endroit où l’assaillant s’était perché, Ardoss n’était pas en ligne de mire. Il prit une décision. 

Il se lança en avant, tête baissée, et s’agenouilla près de son ancien partenaire. 

Les vêtement de Pietro étaient trempés de son sang, son visage était pâle. Là, ils étaient à découvert. Il le souleva par les épaules et le traîna vers sa couverture.  

Pietro parlait d’une voix presque inaudible, à peine un murmure. Ardoss dut se pencher sur lui pour l’entendre. 

« Le Sénat, murmura Pietro. Le Sénat. »

L’instant d’après, il n’était plus là. Ardoss le fixait. Il ne savait pas exactement quoi faire avec ce que son ancien partenaire venait de lui dire. Mickey Black préparait quelque chose, et ça avait à voir avec le Sénat. 

Ils avaient été si proches. Pietro avait été d’accord pour se retourner contre Mickey, tout en sachant que cela aurait pu signifier sa mort. C’est juste qu’ils ne comptaient pas à ce que cela arrive si vite. 

Ardoss se pencha sur Pietro. Quel gâchis. Pietro était un homme bon, ou tout du moins avait-il essayé de l’être. Si seulement Ardoss avait su ce qu’il se passait plus tôt, peut être que son partenaire serait toujours en vie. 

Il jeta un œil par dessus sa couverture. Il essayait encore de voir d’où venaient les tirs. Qui d’autre savait qu’ils étaient là ? Personne ne pouvait le savoir. Pietro avait attendu jusqu’à ce que Jonah le contacte et qu’il lui donne les coordonnées. Même Mickey ne pouvait pas le savoir. 

Ça ne laissait qu’une seule possibilité. Il y avait un espion à bord du vaisseau de Jonah.

Son poste d’observation était mauvais. Il ne pouvait pas voir grand chose de là. Avec précaution, il quitta sa couverture, l’arme à la main, et commença à ramper à travers le vieux quai de chargement. 

Mais avant qu’Ardoss n’ait pu aller plus loin, un nouveau tir résonna et il tomba en arrière. Il lui sembla qu’un homme de deux fois sa taille venait de le frapper à la poitrine. Il se pencha et vit le liquide rouge  s’épancher de son épaule et croître le long de sa combinaison. 

Un autre tir tonna et ricocha sur une cloison. S’extirpant de sa confusion, Ardoss parvint à se mettre à couvert derrière de vieilles caisses. Elles empestaient la nourriture pourrie. 

« C’est au dessus, dit Jonah en s’accroupissant à côté de lui. 

Ardoss avait oublié qu’il était là. 

— Qu’est-ce que t’en sais ?

Jonah était un lâche. Ardoss n’arrivait pas à l’imaginer en train de se mettre à la recherche du tireur. 

— Il y a une brûlure d’énergie sur le sol, juste là, fit Jonah en indiquant la position. » 

Ardoss cligna des yeux et suivit la direction indiquée par Jonah. Effectivement, il y avait une marque de brûlure au sol. Si le tir était venu de tout droit, la brûlure serait derrière eux ou bien plus loin sur le sol. Le tireur devait donc se trouver en hauteur. 

« Je comprends pas, dit Ardoss. Ce sniper a eu Pietro en un coup. Et ensuite il rate son coup ? Il joue avec nous ?

— C’est probablement qu’il essuie des tirs, dit Jonah.

— Char ?

Jonah acquiesça. 

— Je lui ai demandé de surveiller, au cas où Pietro nous mente. C’est une tireuse d’élite. 

— Alors, pourquoi ce sniper tire toujours ? dit Ardoss alors qu’un autre tir se fit entendre.

— Tu supposes que c’est le sniper, dit Jonah en haussant les épaules. 

Les tirs stoppèrent. Jonah jeta précautionneusement un œil au-dessus de la caisse et Ardoss le tira en arrière. 

— Char, tu l’as eu ? dit Ardoss. Char ?

— Non, répondit-elle d’une voix amère. Elle est toujours là, restez sur vos gardes.

— Attends… “Elle” ?

— Ouais. Bon, gardez les yeux ouverts. 

Ardoss sentit l’adrénaline monter. Pietro était mort et cette femme était toujours à leurs trousses. Combien de gens avait-elle prévu de tuer ? Juste Ardoss ? Toute l’équipe ? Et les autres passagers ? 

C’est à ce moment-là qu’il réalisa que ce devait être la femme d’affaire. Elle était si calme et d’apparence si humble, la couverture parfaite pour un assassin. Ça le rendait malade de repenser à tout le temps qu’il avait passé avec elle dans un espace aussi restreint. Il s’extirpa de derrière les caisses, l’arme au poing, avec un bras gauche inutilisable. 

Jonah l’attrapa par son épaule valide. « Tu vas te faire flinguer. »

— Déjà fait, dit Ardoss. Il faut qu’on la trouve. Elle ne va pas nous lâcher. On en sait trop.

Jonah ouvrit la bouche, mais ne trouva rien à ajouter. 

Ardoss jeta un œil. Il avait besoin de savoir où elle se trouvait, quelles étaient ses options. 

Puis, du mouvement.

Ardoss ajusta son arme. Elle ne se trouvait pas aussi haut qu’il l’aurait cru, ni sur les tuyaux, ni sur la coursive. Elle était au sommet d’une pile de caisses. Peut-être. 

Il ne pensait pas qu’une gâchette entraînée pourrait être si négligeante. 

Char lui fit un signe de tête depuis les caisses. Elle indiqua la position d’Ardoss, puis derrière lui. Il tourna les talons, toujours accroupi. Son épaule palpitait mais par chance, la douleur intense dont il savait l’imminence se tenait pour le moment à l’écart. Trop d’adrénaline pensa-il. 

Il jeta un œil en direction de Char, mais elle avait disparu, se traînant à travers les caisses abandonnées. Il se plaça derrière les caisses de nourritures moisies où Jonah était toujours caché. Jonah le regarda passer, les yeux écarquillés. 

Non loin, il y avait une autre pile de caisse et de vieux réservoirs. Une cachette parfaite pour elle.. 

Combien de coups avait-elle tirés ? Combien de cartouches avait-elle encore ? Assez pour descendre une ou deux personnes ? Plus ?

Ardoss savait qu’il serait la cible principale, puis Char. Jonah serait le dernier, à moins qu’elle ne décide de continuer sur sa lancée et qu’elle ne tue l’ado et Thrumm après ça, pour faire disparaître tous les témoins. 

La pile de caisses était sombre et malodorante. Il y avait beaucoup de recoins sombres dans lesquels quelqu’un aurait pu se cacher. Ardoss se faufila le long d’une caisse, puis autour d’un réservoir de carburant.

Là, il se trouva face à face avec l’assassin de son partenaire.

Son tailleur était déchiré, ensanglanté par endroits. Ses cheveux courts étaient collés de sueur à son front. Sa peau était livide, sa poitrine était agitée de spasmes. 

« Lâche ton arme, dit elle. Elle pointa le pistolet que Jonah avait essayé d’utiliser sur lui un peu plus tôt.

— Peu probable, répondit Ardoss.

— Je vais tirer.

— S’il te restait une cartouche, tu m’aurais déjà tué, lança Ardoss dans un sourire.

La femme tenta un sourire, mais il disparu aussitôt, remplacé par un grognement. Elle lâcha son arme et se jeta sur lui. 

De toutes ses forces, elle chercha à impacter son épaule gauche. 

Et la douleur fut. 

Il poussa un cri et s’effondra sur le quai. Elle se précipita sur lui dans l’intention de saisir son arme. Ardoss fit une roulade de côté, l’attrapa par la jambe de sa main valide, et tira un grand coup.

La femme jura et lui mis un coup de pieds. Le premier coup l’atteint à l’avant-bras, mais il tint bon. Le second l’atteint à l’articulation et il lâcha prise. Elle se libéra et rampa jusqu’à l’arme.

Ardoss se mit lui aussi à ramper jusqu’à elle, mais elle tenait déjà l’arme en main. Elle bascula sur le dos et tira.

Le tir se perdit au loin et Ardoss en profita pour se mettre à couvert. Il jeta un œil derrière lui.

La femme se tenait sur ses pieds. 

« Je ferai ça vite, dit-elle, promis. »

Il se prépara à bondir sur elle, mais il n’eut jamais cette chance. 

Il y eut un cri, primitif, terrifié, tandis qu’une masse sombre fondit sur l’assassin. Deux formes tombèrent au sol, l’arme alla s’échouer quelque part sur le quai.

Ardoss se jeta en direction du pistolet. Ses doigts saisirent la crosse et il fit volte face. 

Jonah se tenait sur la femme, lui bloquant les hanches de ses genoux et les épaules de ses mains..

Il la frappa. Immédiatement après, il saisit sa propre main et se massa les articulations. 

 « Ça va mieux ? dit Ardoss.

— Non, répondit Jonah, j’ai mal à la main.

Ardoss rit. Jonah le regarda d’un air hébété, et se mit à rire à son tour. 

— J’ai loupé un truc marrant ? dit Char.

Ardoss leva les yeux. Elle se tenait en arrière de Jonah et de l’assassin, l’arme ancrée dans ses mains, les yeux écarquillés. 

— Pietro ? dit Char.

— Il ne s’en est pas sorti, répondit Ardoss qui avait arrêté de rire, tout comme Jonah.

— Elle t’a eu, fit remarquer Char.

— C’est pas passé loin, fit-il en se penchant sur sa blessure.

— Maigre consolation, dit-elle.

— Comment est-ce qu’on est passés à côté d’un assassin dans notre propre vaisseau ? lança Jonah en retournant la femme.

Char franchit les quelques pas qui la séparaient d’eux. Elle pointa son fusil sur la tête de la femme. 

— Parle.

La femme se lécha les lèvres qu’elle badigeonna de son propre sang. 

— Pas tes affaires.

— Mauvaise réponse, fit Char en armant son fusil.

La femme posa ses yeux sur l’arme.

— Si tu la tues, on n’aura aucune réponse, dit Ardoss.

— Qui a parlé de la tuer ? Elle balança la crosse de son arme en l’air et l’abattit sur le genou de la femme. 

L’assassin hurla en saisissant sa jambe.

— Pietro ne devait jamais quitter cet endroit vivant, dit-elle à bout de souffle. 

— Quoi ? dit jonah.

— Continue, fit Char en lui envoyant quelques petits coups aux genoux avec le canon de son arme. 

— La livraison était une imposture, grimaça la femme. C’était un piège. Mickey savait que Pietro ne ferait confiance qu’à vous, alors il a mis tout ça sur pieds, il s’est arrangé pour les passagers, il s’est assuré que je puisse réserver un billet. 

— Pourquoi ? demanda Jonah en s’affalant. Pourquoi avoir fait tout ça ?

— Je fais ce pour quoi on me paie, répondit-elle en haussant les épaules. Mickey va te tuer quand il découvrira que que tu bosses avec un Agent.

— Comptes pas trop là-dessus, dit Char. Qu’est ce que tu veux faire d’elle ?

— Je vais devoir la ramener à l’Advocacy, répondit Ardoss.

— Je veux qu’on passe un accord, reprit la femme. Je vous ai donné des infos, vous devez me protéger.

— Pourquoi ? demanda Ardoss. Tu as fait ton boulot. 

— Et quand Black découvrira que vous êtes toujours en vie, je mourrai. 

— Je vais y réfléchir, répondit Ardoss.

— C’est comme si vous m’aviez déjà tuée, rétorqua-t-elle.

— T’aurais dû y penser avant de signer avec Mickey Black.

Char acquiesça de la tête et la frappa. 

Les autorités locales récupérèrent Thrumm au spatioport suivant. Des Agents de l’Advocacy enregistrèrent les déclarations d’Ardoss. Il leur conseilla de considérer l’assassin comme un témoin et de la mettre sous protection. Les agents se chargèrent également du corps de Pietro. Durant le vol retour, Ardoss avait commencé à travailler sur une requête afin de rétablir les honneurs de son ancien partenaire. Il venait de l’envoyer lorsqu’il reçut sur son mobiGlass de nouveaux ordres provenant de la Directrice Cadette Vami. 

Revenez. Immédiatement.

Peu probable, pensa-t-il.

Ardoss avait l’intention de prévenir l’Advocacy que Black avait quelque chose en préparation contre le Sénat. Mais il n’avait aucune preuve. Il ne pouvait pas suivre les ordres de Vami avant d’en avoir trouvé.

Tous les trois s’assirent dans le cockpit et burent une bouteille de whisky Sky de Croshaw.

« On fait quoi maintenant ? demanda Jonah.

— Je suis censé revenir au bureau et partir tranquillement à la retraite, dit Ardoss. Mais je ne crois pas que j’en sois capable. 

— Tu veux te mettre à la recherche de Mickey Black », lança Jonah.

Ardoss acquiesça. Mickey avait brisé l’un des meilleurs hommes qu’il avait jamais connus. Il ne laisserait pas cet enfoiré s’en tirer comme ça.  

«Pietro a dit qu’il avait un plan, reprit Ardoss. Quelque chose à voir avec le Sénat. Mais sans la moindre preuve pour appuyer le propos…

— Tu veux trouver cette preuve, lança Char. 

— Et le clouer au mur avec ça, confirma Ardoss. Je veux m’assurer qu’il ne soit plus capable de faire de mal à qui que ce soit. 

C’est précisément à ce moment-là que le bip du système de communication du vaisseau se fit entendre. Tandis que Jonah retenait son doigt au dessus du commutateur, Ardoss fit un pas de côté pour ne pas se retrouver dans le champ de la caméra. 

Jonah appuya enfin. Le visage en ruine de Mickey apparu sur l’écran.

« Jonah, mon garçon, j’ai entendu dire que la mission était terminée.

— Tu as tué Pietro, fit le pilote, la mâchoire serrée.

— Oui, j’en suis désolé, c’était nécessaire. Sale histoire, mais je ne pouvais pas le laisser jaqueter. 

— Je n’aime pas me faire manipuler, dit Jonah.

— Je disposerai de toi comme bon me semble », répondit Mickey. Sa voix se faisait menaçante. « Qu’as-tu fait de mon assassin ? 

— J’ai du la livrer aux autorités locales, dit Jonah. Pietro est mort, tout comme son partenaire. L’Advocacy voulait des réponses.

— Je ne pensais pas que tu en serais capable, lâcha Mickey, les yeux écarquillés.

— Je ne l’ai pas fait. C’est cette femme qui s’en est chargée. »

Char lança un regard à Ardoss. Il avait l’air de se sentir plutôt bien, pour un homme mort. Mais il demeura silencieux. Il espérait que les Agents allaient garder l’assassin en sécurité. 

Mickey semblait impressionné. « J’espérais revoir ma tueuse à gage. Elle était plutôt bonne, mais je suppose qu’on ne peut pas gagner à tous les coups. Il va falloir que je m’occupe d’elle, bien sûr, mais c’est mon problème maintenant, pas le tien.

— J’ai fait ce que tu m’as demandé, et ça a failli me tuer, dit Jonah. Je veux mon argent. 

— Ça arrive mon gars, ça arrive. Mais tu vois, t’as pas fait exactement ce que je t’ai demandé. C’est ma nana qui a tué l’Agent, pas toi.

Jonah le regarda fixement, les yeux plein de rage. 

— Eh, un accord, c’est un accord, fit Mickey en haussant les épaules. Je t’ai demandé de faire un truc, et tu ne l’as pas fait. Tu m’es toujours redevable. 

— Tu savais très bien que je ne le ferais pas, répondit Jonah. 

— C’est un choix que doit faire tout homme, lança Mickey. Tu as fait le tien. 

— Qu’est-ce que tu veux ? demanda Jonah. 

— Rends-toi à ces coordonnées et attends tes instructions. Et, Jonah, j’espère vraiment pouvoir compter sur toi cette fois-ci. Complètement. Si tu foires ça, ta dette envers moi sera tellement énorme que tes gosses continueront à me rembourser bien après ta mort. »

L’écran s’était éteint bien avant que Jonah n’ait eu la chance de s’exprimer. Et il se retourna et regarda Ardoss.

« C’est ce qu’il voulait, commenta Char. Que tu aies toujours une dette envers lui.

— Eh bien, Ardoss, dit Jonah, on dirait que tu vas avoir la chance de te venger. Je ferai n’importe quoi pour t’aider à dessouder ce bâtard. 

— Parfait, dit Ardoss en s’envoyant dans le gosier la dernière goutte de whisky qui restait au fond de son verre. On a pas mal de boulot devant nous. »

Fin

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