La prime Fantôme : partie 1

Note de l’auteur : Phantom Bounty : première partie fut originellement publié dans le Jump Point 3.1.

Deux cent soixante-cinq jours. C’était le temps qu’ils avaient passé à traquer le Fantôme. Il semblait qu’ils étaient entrés dans un millier de ces petites tannières sombres faisant office de tavernes, à la recherche de pistes auprès d’informateurs merdiques, toujours à la traîne. Mila s’appuya contre le mur préfabriqué en métal et tenta de respirer par la bouche, mais les odeurs d’alcool éventé et de vomi submergeaient malgré tout ses narines.

Rhys se tenait devant le bar, dépassant les autres clients. Son large dos était tout ce qu’elle pouvait voir alors qu’il marchandait avec le propriétaire pour obtenir des informations, le soudoyant probablement avec le restes de leurs maigres moyens. Son estomac se serrait rien qu’en le voyant. Ils devaient être tout près cette fois. Car s’ils ne recevaient pas cette prime bientôt, ils ne seraient même pas en mesure de se payer ne serait-ce qu’une tasse de piquette de ce boui-boui.

Mila passa sa main dans ses cheveux raides et bruns, et un client édenté la reluqua depuis son tabouret au bar. Elle croisa les bras et lui décocha un regard défiant, ce qui le décontenança suffisamment pour qu’il détourne les yeux et reprenne une nouvelle rasade de sa boisson.

Un homme plus jeune vêtu d’une veste déchirée en synthé-peau de liavold et à l’hygiène douteuse s’approcha pas à pas du comptoir et se tint sur le côté, tout en tirant sur l’anneau argenté de son oreille. Typique.

Il y avait toujours au moins un minable dans ce genre d’endroit -à porter de la synthé-peau de créatures en voie d’extinction. Le genre de personne à penser que ça leur donne l’air de durs à cuire, comme s’ils ne craignaient pas la loi, comme s’ils étaient au-dessus. Les ongles de Mila s’enfoncèrent dans ses paumes, et elle se força à desserrer les poings. Il n’avait probablement aucune idée que cette veste était fausse. La vraie peau de liavold n’avait jamais cette nuance de gris.

Le minable s’approcha un peu de Rhys, essayant visiblement de l’espionner, et Mila s’éloigna du mur pour l’envoyer bouler. Mais Rhys avait fini de marchander avant qu’elle n’arrive au comptoir, et lui fit signe de se diriger vers la sortie. Soulagée, elle le suivit à l’extérieur.

Le soleil blanc-jaunâtre avait fini sa descente pendant qu’elle et Rhys étaient dans la taverne, et les uns après les autres, les globes de lumière vieux de plus d’un siècle courant le long des rues de Tevistal s’allumèrent. Un murmure bruyant fit écho le long des ruelles, des voix dans la nuit, une preuve de la foule qui s’était formée quelques rues plus loin sur la place, pour célébrer la nouvelle année.

Foutu Jour du Voyageur. Bien sûr, une foule immense leur permettait à elle et à Rhys de passer facilement inaperçu, mais c’était à double tranchant. S’ils pouvaient faire profil bas, alors le Fantôme le pouvait aussi, et leur filer entre les doigts comme toujours.

Rhys attrapa le bras de Mila alors que les portes de la taverne se claquèrent derrière eux, et elle le dévisagea : les angles aigus de son visage, ses cheveux bruns ébouriffés et sa barbe hirsute qu’il se laissait pousser depuis qu’ils avaient commencé à poursuivre le Fantôme de système en système, ayant à peine dormi.

Ses yeux verts étaient vifs, brillant à la lumière des globes au fur et à mesure qu’il se penchait vers elle. Son regard la réchauffa. Pour être honnête, leurs récentes nuits sans sommeil étaient moins liées au Fantôme qu’à… D’autres choses.
Ils avaient partagé une couchette depuis plus d’un mois.

« Bonne nouvelle » Dit Rhys. « Peut-être. » Un rictus familier apparut sur son visage.

Elle se racla la gorge « Ah ouais ? Qu’est-ce qu’il a dit ? »

« Qu’il se pourrait qu’on attrape notre Fantôme cette fois. »

Le cœur de Mila s'accélèra, et sa main se plaça involontairement sur son pistolet laser rangé sous sa veste. « Elle est là ? Toujours à Tevistal ? »

Le sourire de Rhys s’effaça et il attrapa Mila par le bras, puis la mena au bout de l’allée en direction de la rue principale. « C’est ce que je veux croire » dit-il, en gardant sa voix basse. « J’ai payé l’informateur un bon prix et… »

« Et quoi ? »

« Il m’a donné l’adresse d’un hôtel. Le RoomTab tourne toujours. Il a dit avoir vu le Fantôme hier. »

Hier. « Pourquoi est-ce que je sens un « mais » arriver ? »

Rhys s’arrêta alors qu’ils quittaient l’allée. « Mais je ne suis pas sûr qu’on puisse lui faire confiance. ça avait l’air… Bien trop facile. »

La gorge de Mila se noua et elle souffla bruyamment, tout en surveillant la foule au bout de la rue éclairée par les globes. Rhys avait un solide instinct, l’une des nombreuses raisons pour lesquelles Mila avait séduit le chasseur de prime émérite et l’avait convaincu de former une équipe avec elle. Avec son intuition pour lui, et ses compétences en technologie à elle, ils formaient un très bon duo.

« Alors, qu’est-ce que tu veux qu’on fasse ? » Demanda-t-elle, une légère note désespérée dans la voix. « Je pense qu’on devrait vérifier. On en a besoin. »

« Je sais. »

Leurs yeux se croisèrent. « On n’a pas le choix. »

« On a toujours le choix. »

« On est trop près. Je dis qu’on va vérifier. »

Rhys serra les dents et hocha finalement la tête. Il releva la manche de sa veste, révélant le mobiGlas attaché à son avant-bras, et fit glisser ses doigts sur l’écran clair et flexible pour afficher une carte des rues de Tevistal. Au bout d’un moment, il conclut, « l’adresse n’est pas loin d’ici. Le GPS indique que c’est une zone de criminalité élevée. »

Mila grogna et balança son bras « Parce que c’est pas le cas ici ? »

Des flaques d’eau fétide s’étaient accumulées dans des nids-de-poule depuis les dernières pluies, et les habitations préfabriquées basses étaient sales et cabossées, sans comparaison avec les grands immeubles brillants qui s’érigeaient au-delà des quais au fur et à mesure que la cité se développait. Si Tevistal avait une aisselle, ce serait là.

Rhys posait lourdement sa main sur son épaule. « Ça a pas d’importance. Parce que tu retournes au vaisseau. Je vais partir en éclaireur pour voir si c’est avéré. »

« Et puis quoi encore ! N’y pense pas. » Les narines de Mila se dilatèrent et elle repoussa sa main. « C’est dangereux. Tu as besoin de soutien. »

Le Fantôme avait à lui seul attaqué sept installations de recherche Phan Pharmaceutical l’année passée et avait réussi à éviter tout représentant de la loi depuis. L’UEE voulait le saboteur - mort ou vif - avec les accusations de terrorisme, meurtre et vol à main armée. « Dangereux » était un euphémisme.

« Laisse-moi partir en reconnaissance » répéta Rhys d’une voix dure.

« On y va ensemble » répondit Mila entre ses dents.

Rhys émit un grondement sourd, mais quand il fut clair que Mila ne lâcherait rien, il secoua sa tête et commença à marcher.

Mila poussa un soupir et le rattrapa. Rhys n’aurait jamais suggéré d’y aller seul auparavant. Il était devenu plus prudent, plus protecteur depuis qu’ils étaient passés au niveau supérieur. Dominant, même. Il fallait que ça cesse, mais maintenant n’était pas le moment pour en parler.

Le mobi les dirigea loin de la foule et plus profondément dans les bidonvilles du côté des quais. Ils passèrent d’une ruelle étroite à l’autre, et l’odeur de déchets brûlés parvint jusqu’à eux alors qu’ils passaient à côté de feux allumés par des sans-abris de passage devant des apprentis ferrailleurs.

Des planeurs passèrent au-dessus de leurs têtes, leur feux illuminant la nuit noire tandis qu’ils transportaient ceux qui pouvaient se le permettre entre les quais et les tours luisantes dans les sections les plus affluentes de la ville. Le vrombissement léger de leurs moteurs rappelaient à Mila une autre vie, dans laquelle elle aurait été celle qui se dirigeait vers de meilleurs logements. Mais cette histoire ancienne sur Terra était loin derrière elle. Et ça - la traque, la chasse, abattre des criminels avec Rhys à ses côtés - c’était sa vie désormais. Pas de regrets.

Quand le mobi de Rhys bipa pour indiquer qu’ils étaient arrivés, il le désactiva et dégaina son Arclight. « En bas de cette allée. Bâtiment deux. Appartement neuf. »

Mila prépara son pistolet et le suivit dans l’allée sombre. Les « hôtels » en libre service préfabriqués qui occupaient l’endroit appartenaient à des investisseurs qui n’avaient probablement jamais mis les pieds ici. Si quelqu’un voulait faire quelque chose de louche, c’était l’endroit rêvé pour ça.

L’adrénaline envahit le corps de Mila, faisant battre son cœur à tout rompre. Un globe fissuré émit un léger scintillement au-dessus des vieux bâtiments, éclairant avec difficulté les lettres gravées dans les murs. Elle activa l’éclairage nocturne de son pistolet, mais ça ne l’aidait pas vraiment à mieux voir.

Un léger clapotement résonna quelque part, et le seul autre son était celui de leurs bottes sur les pavés. Mila dirigea sa lumière vers la structure la plus proche et pu lire le nombre gravé sur le côté.

« Un » dit-elle discrètement.

Un bruissement faible émana de l’endroit qu’elle avait éclairé, et elle et Rhys se crispèrent. Le métal cogna le métal, et Mila pointa son pistolet dans cette direction. Un skap sortit de l’obscurité et décampa face à eux. Une autre forme sombre, mélange flou de griffes et de fourrure, se lança à la poursuite de la créature à l’apparence de rat. Alors que le chasseur et sa proie disparurent dans la nuit, le skap émit un bref couinement qui fut interrompu.

Mila expira en un rire nerveux. C’était peut-être un présage. Peut-être que cette nuit, elle et Rhys allaient attraper leur proie.

« Bâtiment deux » dit Rhys en éclairant de sa lumière l’endroit où les animaux s’étaient dirigés.

Mila respirait difficilement alors que son coéquipier poussa sur la porte extérieure en métal pour l’ouvrir. Elle pivota sur ses charnières rouillées, émettant un grincement dans le silence ambiant.

Des globes éclairaient faiblement l’endroit automatiquement, révélant un couloir étroit jonché de détritus et sentant la pisse.

Mila jeta un coup d’œil rapide vers Rhys. Ses yeux étaient plissés, et ce détail suffisait pour qu’elle devine qu’il était inquiet.

« C’est trop calme. » murmura-t-il.

« Peut-être que c’est la nuit des voleurs » répondit Mila, mais son commentaire sarcastique n’apaisa pas les tensions. Rhys avait raison. Ces bâtiments préfabriqués avaient des murs fins comme du papier, et pourtant l’endroit était désespérément silencieux. Mauvais signe.

Ils avancèrent encore de quelques pas, et Rhys tendit son arme en direction d’une porte à sa droite. « Neuf. Couvre-moi, j’entre en premier. »

Tous les muscles du corps de Mila se tendirent lorsqu’il tourna la poignée. La porte s’ouvrit, déverrouillée, et les lumières à l’intérieur inondèrent le couloir faiblement éclairé.

Rhys passa l’encadrement de la porte, et la tenue de Mila sembla soudainement trop serrée pour elle. La sueur coulait dans son dos alors qu’elle scannait les autres portes tout en gardant un œil sur celle qu’ils venaient d’entrer.

Rhys revint, ayant terminé de vérifier le petit espace. Son visage était un masque pâle. « Vide. Le RoomTab a été piraté. »

Une vague de chaleur envahit Mila. Elle poussa un grognement et entra dans la pièce en le bousculant. Si près. Sa gorge se noua, et elle résista à l’envie de percer les murs de l’endroit à coup de poings.

La chambre contenait un petit matelas, une table et une chaise en métal pliantes. Une cloison séparait l’évier et les toilettes du reste de la pièce, mais mis à part ça, l’endroit avait été mis à nu.

Mila se rua sur le scanner de paiement piraté. Les fils avaient été coupés et reconnectés en un nœud, obligeant le système RoomTab à garder l’eau et l’électricité actives sans paiement.

« Fouille la pièce », dit Mila d’une voix dure. « Si tu trouve quelque chose comme au moins un cheveux, tu l’enregistres. »

Rhys lui renvoya un regard peiné. « Tu sais qu’on ne trouvera rien. »

« Je vais vérifier le scanner. » Mila serra la mâchoire tandis qu’elle releva sa manche pour activer son mobiGlas et accéder au scanner de paiement.

Elle sortit le programme qu’elle avait écrit pour pirater des systèmes basiques. Techniquement, c’était illégal d’utiliser ce genre de programme, mais elle l’avait conçu pour traîner des criminels en justice, pas vrai ? Elle n’utiliserait jamais un de ses programmes pour enfreindre la loi.

« Ça a été trafiqué il y a moins de vingt-quatre heures. On l’a manquée de peu. » Mila déconnecta son mobi et cogna contre le fin mur en métal d’une main. Ce dernier frémit en réponse. « Il faut qu’on... »

« Mila. » La voix aiguë de Rhys sonna comme un avertissement, et elle se tourna vers lui. La chaleur quitta son corps à la vue de ce qu’il tenait dans ses mains. Il avait retourné la table pliante et la soutenait en partie avec ses hanches. Un petit paquet était attaché avec du ruban adhésif en-dessous. Il émit un petit bip. Puis un autre.

Des explosifs.

Le cœur de Mila battit la chamade de manière assourdissante. Ses yeux restaient vissés sur le visage apeuré de Rhys, et elle s’éloigna vers la porte à contrecœur. Tout s’était passé trop vite. Elle aurait dû écouter l’instinct de Rhys cette fois.

Elle s’arrêta une seconde devant la porte du logement, indécise, puis se retourna et se mit à courir dans le couloir.

Lorsqu’elle atteignit la porte menant à l’extérieur, elle l’ouvrit à la volée et jeta un regard derrière elle pour voir Rhys se précipiter vers elle. Ils trébuchèrent dans la ruelle au moment où une déflagration assourdissante détruisit la structure fragile, et l’onde de choc les mit tous les deux à genoux. La vague de chaleur passa au-dessus d’eux et coupa le souffle de Mila.

Elle regarda les pavés sous elle, ses oreilles sifflaient tandis que le choc s’estompait.

Rhys se releva en premier, haletant, et remis sa partenaire tremblante sur ses pieds. Il la tint près de lui, cherchant son visage. « Est-ce que ça va ? »

Il fallu à Mila une seconde pour retrouver la parole. « Ouais. Toi ? »

« Bien. » Rhys se tourna vers le bâtiment. « Tu penses que quelqu’un d’autre vivait ici ? »

« Tu sais que c’était vide. Faut qu’on parte d’ici. Si on se fait arrêter là, on est bon pour une journée d’interrogatoire, voire plus. »

Rhys approuva de la tête, l’air aussi stupéfait qu’elle l’était, et ils s’engouffrèrent dans l’allée pour revenir dans les rues. L’explosion avait attiré un petit groupe de passants qui se poussèrent pour les laisser passer.

Le rouge obscurcissait les angles de la vision de Mila, et sa colère se mélangea avec une vieille douleur sourde. Il avaient besoin d’amener le Fantôme devant la justice. Ils le devaient. C’était un besoin qui ignorait toute raison, un besoin qu’elle ne pouvait pas refuser, et elle aurait probablement poursuivi le Fantôme même si la prime avait été bien moindre.

Tout ça à cause de Casey, même si elle essayait de prétendre le contraire. Casey Phan, kidnappé et tué quand ils avaient seize ans. La police incompétente avait laissé le tueur s’échapper. Voir ce crime impuni avait été la raison pour laquelle Mila avait décidé de travailler avec la justice. La raison pour laquelle elle avait abandonné sa famille et était devenue chasseuse de prime.

Le père de Casey était le propriétaire de Phan Pharmaceuticals, et voir le Fantôme détruire les installations, tuer les employés de Phan Pharm, voler des documents de recherche… Tout ça ravivait les vieux souvenirs de Mila. Elle allait capturer le Fantôme là où elle n’avait jamais pu attraper le déséquilibré qui lui avait prit Casey.

Quand elle et Rhys arrivèrent à hauteur de la place bondée, elle s’arrêta et essuya la sueur sur son front, en respirant encore difficilement. Elle était à deux doigts de perdre connaissance, et n’allait pas avoir une attaque cardiaque devant tous ces fêtards entre eux deux et leur vaisseau.

Rhys s’arrêta en même temps qu’elle. « Qu’est-ce qui se passe ? »

« C’était calculé », dit-elle, la voix cassée. « L’informateur savait qu’il nous envoyait au casse-pipe. Tout le monde devait être au courant. Quelqu’un a prévenu le reste des occupants de partir. »

Elle pivota, à la recherche de quelque chose, n’importe laquelle, pour passer sa frustration dessus. Elle cogna un morceau de métal du bout de sa botte et l’envoya voler. Une vive douleur toucha son pied, mais elle serra les dents et tenta d’ignorer la sensation brûlante dans ses yeux.

Elle laissa s’échapper un petit cri guttural et se retourna vers Rhys, ses poings serrés à s’en faire blanchir les phalanges. « On va tabasser cette merde d’informateur jusqu’à ce qu’il nous dise la vérité. »

Rhys l’attrapa par l’épaule et abaissa son visage pour que leurs yeux se croisent. « Calme. Toi. »

« Non ! » Mila le repoussa des deux mains, mais il la tenait fermement et ne lâchait pas prise. Elle cligna des yeux pour contrer la sensation de brûlure constante dans ses yeux. « On a besoin de cette prime. »

Il secoua la tête. « Si cet informateur savait pertinemment qu’il nous envoyait dans un piège, je ne pense pas que ce soit bon de crier sur tous les toits qu’on a survécu. C’est son terrain. On n’est pas à notre avantage. Tu devrais le savoir. »

« On était si près », répliqua Mila, la voix tremblante.

Rhys défit lentement sa prise. « On laisse tomber, Mi. ça ne vaut pas le coup de se faire tuer pour ça. Il y plein d’autres primes à poursuivre. »

Mais aucune comme celle-là. Une colère noire incendia le cœur de Mila, et elle le repoussa. « Lâche. »

La surprise s’afficha sur son visage, et il se tendit. « Ne fait pas l’idiote. Ce n’est pas une question de bravoure, mais de survie. Tu voulais traquer ce criminel, alors j’ai accepté. Pour toi. Ça a toujours été un pari risqué. On survivra avec moins en attendant que quelque chose passe à portée. On a fini. »

« Non », Mila le repoussa à nouveau, et il recula de quelques pas. « On va trouver le Fantôme. Et si tu ne m’aides pas, je vais continuer de chercher par moi-même. »

« Qu’est-ce que tu ne me dis pas dans cette histoire ? Tu n’as jamais été aussi têtue pour les autres contrats. C’est comme si tu avais perdu la raison. »

Mila avala la boule qu’elle avait dans la gorge et passa devant lui pour qu’il ne voie pas son visage. Il fallait qu’elle lui parle de son passé un jour… Quand elle serait prête. Et elle ne l’était pas aujourd’hui.

« Mila. » Rhys était à nouveau contre elle. « Dis-moi ce qui se passe. »

Elle prit une grande inspiration et se tourna vers lui, essayant de garder ses torrents d’émotions sous contrôle. Il pensait vraiment faire le bon choix. Mais il avait tort.

« La trace était froide avant », dit-elle en tentant de garder une voix régulière. « Des murmures passant à propos du Fantôme, des transactions d’il y a plusieurs semaines. Vingt-quatre heures, Rhys. Vingt-quatre ! Le Fantôme était dans cette pièce il y a un jour. On ne peut pas s’arrêter. On a besoin de manger. Devana a besoin d’une maintenance et de mises à jour. Et peut-être… Peut-être une fois qu’on aura fini ça, on pourra prendre une pause, okay ? Aller sur une planète d’agrément, peut-être Cassel… Tous les deux. »

Ses joues rougirent au son de ses mots, mais les yeux de Rhys s’assombrirent, et il prit son menton avec sa main calleuse et lui fit lever la tête jusqu’à ce que leurs yeux se croisent.

« Encore une fois. On va essayer de trouver plus de pistes », concéda-t-il d’une voix grave. « Mais si on ne trouve pas… On ne peut pas se permettre d’ignorer encore d’autres contrats pour celui-ci. Si la prochaine piste ne mène à rien, promets-moi que tu vas abandonner. »

Elle repoussa sa main. « Je suis désolée. Mais non. Je ne peux pas te promettre ça. »

Le vrombissement grave d’un planeur en approche attira leur attention, et ils levèrent la tête tous les deux. Des lumières clignotantes. La police locale.

« On va se fondre dans la foule », dit Rhys. « Mais cette conversation n’est pas terminée. »

Mila repoussa son irritation et le suivit. Elle le convaincra. Parce qu’ils n’étaient pas des lâches.

Ils gardèrent une vive allure jusqu’à arriver sur la place principale, où la masse de personnes s’était formée devant le Hall des Compagnons. C’était un spectacle intéressant - un mélange de civils dans leur tenue quotidienne et des gens habillés pour l’occasion. Certains de ces voyageurs aimaient imiter les coutumes terrestres, plus encore que ceux sur Terra.

Un groupe à proximité de Mila et Rhys portait des capes en soie et des masques fantastiques décorés de plumes. Un autre groupe avait renoncé aux costumes, mais leurs cannes étaient finement sculptées et incrustées de gemmes et de pierres polies. D’autres encore portaient des robes en or avec des masques sculptés pour évoquer des animaux prédateurs.

Rhys se fraya un chemin au travers de la foule, taillant un chemin jusqu’au bout de la place où des vendeurs avaient mis en place des stands remplis de biens et de babioles que des pèlerins voudraient pour le Jour du Voyageur.

L’odeur de viande grillée les fit saliver et grogner leur estomac, leur rappelant qu’ils n’avaient pas mangé depuis leur petit-déjeuner sur Devana. Rhys semblait penser la même chose, car il la conduisit là où la restauratrice la plus proche avait mis en place un grill.

« Quel genre de viande? » Se moqua-t-il.

La femme âgée fit un clin d’œil et agita une brochette devant lui. « Spécial. Est un secret. »

« Ah, je vois. ça doit être cette viande de skap spéciale du côté des quais? »

Le visage de la femme s’aigrit. « Insultes! Vends pas skap. »

Mila erra aux alentours de la table suivante, s’éloignant de Rhys qui marchandait. Il était tellement pingre avec leurs crédits. Comment ne pouvait-il pas voir à quel point capturer le Fantôme était important pour leurs finances ?

Elle se trouva à une table parsemée de babioles. De l’encens, des croix chrétiennes, des pentagrammes wikan, des statues bouddhistes, et une large variété de bijoux d’apparence éclectique.

Un pendentif couleur bronze attaché à une longue chaîne attira son attention. Elle le prit sans même y réfléchir puis le tourna et le retourna dans sa main. Il avait la forme du symbole de l’infini, et des petites pierres perlescentes de différentes tailles et formes pendaient au bout de celui-ci.

« Cette pièce est presque aussi belle que vous. »

Mila sentit ses joues rougir lorsqu’elle croisa le regard de la vendeuse. La femme vêtue de couleurs vives devait aller sur ses trente ans et avait une peau pâle et des yeux bleus comme la glace comme Mila, mais c’est ici que se terminaient leurs ressemblances. Les cheveux noirs comme l’espace de la femme étaient parés de plusieurs petites tresses, et elle avait un anneau nasal qui étincelait sous les lumières brillantes accrochées au auvent situé au-dessus.

« Heu… Merci », dit Mila. « C’est une belle pièce. »

« Mieux que belle, petite. C’est le cadeau idéal pour célébrer le nouveau soleil. Enfin, si tu veux avoir une bonne fortune. Ce pendentif a été béni par Cassa. »

Mila regarda à nouveau le pendentif et la façon dont les lumières au-dessus d’elle faisaient se déformer et changer les couleurs sur chaque pierre, comme des petits arcs-en-ciel. Elle n’était pas superstitieuse ou religieuse, mais l’objet lui faisait repenser à un anneau qu’elle possédait étant enfant. Elle voulut l’essayer, tenir les pierres plus près de la lumière et les voir changer, mais elle résista.

« De quel genre de pierres s’agit-il ? » Demanda-t-elle.

« Elles ont été collectées au point zéro entre deux étoiles binaires. Seuls les voyageurs très chanceux et très persévérants peuvent passer entre pour atteindre ce point. »

Un rire étouffé résonna derrière elle, et Mila se retourna pour voir Rhys face à elle, deux brochettes de viande à la main. « Des pierres collectées entre des étoiles jumelées, hein ? »

L’expression sérieuse de la femme ne changea pas. « C’est exactement ce qu’elles sont. »

Rhys secoua la tête. « Vous devriez peut-être sortir de ce caillou de temps en temps. Parce qu’il n’y a rien entre deux étoiles binaires ; l’une ou l’autre attire tout ce qui passe à sa portée. »

La vendeuse se pencha sur la table, et un léger sourire fendit ses lèvres rouge sang. « Le voyage peut nous enseigner bien des choses, mon ami. Mais construisez une vie sur des fausses croyances, et vous découvrirez bien vite que votre vaisseau aura dérivé dans un champ de mine. »

« Tu as fini, Mi ? » La question de Rhys sortit comme un ordre, et il donnait l’impression de faire de son mieux pour ne pas répondre à la femme. Il n’avait pas beaucoup de patience pour les gens religieux, les compagnons comme les autres.

La marchande l’ignora et dévisagea Mila avec expectative. « Les couleurs de cette pièce vous vont vraiment bien. »

« C’est sublime, mais peut-être une prochaine fois. »

Mila poussa un soupir et reposa le collier à regret dans la paume de la femme. Mila attrapa une brochette de viande de la main de Rhys sans même le regarder et marcha à grands pas vers le centre de la place. Pourquoi devait-il toujours être un tel rabat-joie ?

Elle s’arrêta face à la foule, apercevant un rituel inhabituel se dérouler au centre de l’endroit, et mordit dans la viande filandreuse. Viande de skap ou non, c’était mille fois meilleur que les barres nutritives sans goût de leur vaisseau.

Elle finit de manger, jeta la brochette, et commença à chercher Rhys dans la foule. Il était temps de le convaincre de continuer leur traque du Fantôme.

Elle le trouva seulement quelques mètres plus loin, la surveillant attentivement, et en dépit de la gêne qu’elle avait causé tout à l’heure, un léger sourire se forma sur ses lèvres. Il savait quand lui laisser un peu d’espace, et quand elle avait vraiment besoin de lui. Sa présence solide dans sa vie avait été le meilleur moment de ces derniers mois.

Un flash gris dans sa vision périphérique attira son attention, et ses yeux tombèrent sur un homme portant un anneau argenté à l’oreille et une veste en synthé-peau de liavold. Le minable de la taverne.

Le cœur de Mila s’accéléra, et elle bouscula les gens qui l’entouraient pour s’approcher. Le type était en train de regarder Rhys, mais lorsqu’il aperçut Mila se diriger vers lui, ses yeux s’écarquillèrent et il s’enfuit, disparaissant dans la foule.

Mila cria et se lança à sa poursuite, repoussant violemment les gens sur son passage, ignorant les obscénités qu’ils hurlaient dans son sillage. Elle était à peu près sûre que Rhys l’avait suivie. Ce type des quais devait savoir quelque chose, elle en était certaine. C’était peut-être même un espion bossant pour l’informateur. Elle ne devait pas le laisser s’échapper.

Les cris de colère qui jaillissaient devant elle lui firent savoir qu’elle était sur le bon chemin, alors qu’elle sortait de l’épaisse foule, elle aperçut une veste grise disparaître au coin de la rue.

Elle accéléra, et un point de côté la lança alors qu’elle gagnait du terrain. Quand l’homme commença à montrer des signes d’affaiblissement, cherchant quel chemin emprunter à la fin d’une ruelle, elle bondit, le projetant contre le mur. Ils se heurtèrent tous les deux et glissèrent sur les pavés sales.

Rhys arriva l’instant d’après, éloignant Mila et fit passer les bras de l’homme derrière son dos pour qu’il ne puisse pas utiliser d’arme. Les yeux injectés de sang de l’homme étaient grand ouverts, passant de Mila à la sortie de l’allée.

Rhys haussa un sourcil. « Tu veux bien m’expliquer ? »

Mila renifla et essuya la poussière sur son pantalon. « Quoi ? Tu l’avais pas remarqué à la taverne ? Ce serpent t’espionnait. Je parie qu’il bosse avec l’informateur. Et c’était définitivement toi qu’il regardait à ce moment-là. »

« Ah vraiment ? » Rhys dégaina son pistolet et colla l’homme contre le bâtiment pour le fouiller. Il sortit une lame dissimulée à la taille de l’homme, puis récupéra un petit étui noir de sa veste. Il le lança à Mila qui l’attrapa, son cœur battant toujours en staccato dans sa poitrine.

A l’intérieur se trouvait une grande seringue et un flacon rempli d’un liquide noir et visqueux.

« Montre-nous ton bras » Demanda-t-elle.

L’homme trembla en relevant sa manche, révélant un réseau arachnéen de veines teintées de noir provenant de cette habitude.

Rhys siffla. « Un WiDoWer, hein ? » Il ajusta son Arclight pour qu’il ait le visage de l’homme dans sa ligne de mire. « Maintenant, pourquoi tu nous suivais ? »

La pomme d’Adam de l’homme remonta alors qu’il avala sa salive, et il leva les mains, paumes écartées tandis qu’une goutte de sueur coula le long de son front et arriva dans son oeil. « Vous ai suivis parce que j’ai des infos. On peut marchander. »

« Quel genre ? » Demanda Rhys, le regard dur.

« Harris - Il vous a piégés. Mais je connais la vérité. »

« Pas de marchandage. » Mila s’approcha du toxicomane, tenant toujours ses drogues dans sa main, et enroula l’autre autour de sa gorge, serrant petit à petit. « Si tu savais pour le piège, tu aurais pu nous le dire avant. On aurait pu mourir. »

« Mila. » L’avertissement à voix basse de Rhys ne calma pas la colère qui grondait dans l’esprit de Mila.

« Pas de marchandages. » Répéta-t-elle, en serrant davantage. Le voyou commença à manquer d’air.

« Mila. » Cette fois la voix de Rhys parvint jusqu’à elle, et sa main se détendit et lâcha la gorge de l’individu, puis elle se força à reculer.

Rhys plissa les yeux dans sa direction, puis se retourna vers le drogué. « Qu’est-ce que tu veux pour ces infos ? »

« Des crédits », dit l’homme avec une respiration sifflante. « Quatre-vingt dix crédits. »

« Pour les drogues. » Mila ouvrit la boîte et tint le flacon assez haut pour que le drogué puisse le voir. « Qu’est-ce que tu penses de ça ? Tu nous dit tout ce que tu sais, ou les pavés auront ta précieuse boue. »

« Non. Non non non ! » L’homme transpirait davantage maintenant, et le désespoir dans sa voix donna la nausée à Mila pour ce qu’elle venait de faire. Mais elle n’allait pas reculer maintenant. Elle en avait assez des marchandages. Des échanges. De tous ces mensonges et ces fausses pistes.

Elle plaça le flacon sur le sol et positionna sa botte au-dessus. « Tu as une seconde pour te décider. »

« Je vais vous dire. Je vais vous dire ! Faites pas ça ! C’est ma dernière ! Le Fantôme était là. Elle se f’sait appeler Elaine. Harris l’a mise au courant avec de nouvelles balises. J’en ai quelques-unes sur mon mobi. »

« Montre-nous. » Demanda Rhys.

L’homme révéla son mobi caché sous sa manche et leur montra les données. Mila passa son bras au-dessus de l’écran et son mobi enregistra les numéros des balises. Elle replaça ensuite sa botte sur le flacon de WiDoW. Le voyou semblait devenir vert sous la faible lumière des globes situés au-dessus.

« Où est-ce qu’Elaine est partie ensuite ? » interrogea Rhys.

« Septa... Elle avait un rendez-vous sur la plateforme. Elle a un accès pour aller en territoire Xi’an. Quelqu’un d’influent l’aide. L’a dû payer Harris cher, parc’que j’l’ai jamais vu aider quelqu’un à piéger des chasseurs de prime comme il l’a fait pour vous. »

L’esprit de Mila tourna à toute vitesse, en considération des implications de ce que disait l’indic. Si le Fantôme avait vraiment un moyen d’aller en territoire Xi’an, ils ne la reverraient jamais. Elle rejoindrait Rihlah, et les Xi’an n’en foutraient pas une pour les aider à capturer une terroriste. Ils prétendraient juste agir diplomatiquement pendant que le Fantôme se la coulerait douce, avec les activités de plaidoyer et le reste de l’UEE coincé dans l’attente qu’elle veuille bien revenir en territoire humain à nouveau.

« Il pourrait nous mentir », dit-elle. « Décris-nous cette Elaine. »

« Heu... Cheveux rouges. Je pense que c’était une perruque. Je l’ai suivie jusqu’à l’hôtel et l’ai vue ressortir avec des cheveux noirs. Peau noire. Sur ses vingt ans. Garde toujours son visage caché. Jamais pu chopper une bonne vidéo. » Le toxicomane tapa sur son mobi à nouveau et fit apparaître l’image d’une femme, couverte comme il l’avait décrite.

Tout ce que Mila et Rhys avaient vu auparavant n’était que des images brouillées de cette femme, pas mieux que ce que cet homme leur montrait. Mais qu’est-ce qu’ils avaient d’autre comme piste ?

Elle et Rhys échangèrent un regard, et il hocha lentement la tête.

Mila attrapa le flacon et le remit à sa place dans la boîte. Elle voulait détruire cette drogue, forcer cette vermine à se sevrer, mais ce sevrage pourrait le tuer. Et Mila n’était pas une meurtrière et ne le serait jamais.

Elle déposa la boîte dans les mains de l’homme et tapota sa veste avec ses doigts. Il tressaillit à ce contact.

« Si tu as besoin de crédits, tu devrais demander un remboursement à quiconque t’a vendu cette contrefaçon. »

Ses sourcils s'écarquillèrent de surprise, et il regarda sa veste, puis Rhys, qui tenait toujours son arme. « Est-ce que je peux reprendre ma lame ? »

« Dégage de là ! » Aboya Rhys.

L’homme sursauta à nouveau, puis mis sa drogue dans sa poche et partit en courant.

« C’était quoi ce bordel ? » Le visage de Rhys était rouge, et sa voix tellement basse que Mila savait qu’il était énervé. « C’est pas notre accord. Je marchande. Je gère les contacts. Pas toi. C’est notre accord. »

Mila posa ses mains sur ses hanches. « Bon, ça a marché, pas vrai ? » On doit retourner au vaisseau et rejoindre Septa avant que notre Fantôme disparaisse pour de bon. » Elle tourna les talons et s’éloigna sans attendre de réponse.

Rhy ne prononça pas un mot alors qu’ils se frayaient un chemin vers les quais, et sa colère resta en suspend dans le lourd silence entre eux, gâchant ce qui aurait dû être une célébration, et la laissa à ses propres pensées. Quand ils atteignirent enfin l’entrée bien éclairée qui conduisait à leur Freelancer, elle se tourna vers lui.

Son expression était à nouveau vide, ne montrant rien de ce qu’il pouvait ressentir. Parfois, il est tellement difficile de lire en lui. Elle posa une main sur son torse, et ses yeux s'adoucirent légèrement à ce contact.

« Je suis désolée. Pour la façon dont je me suis comportée tout à l’heure. Tu as raison. J’ai rompu notre accord. Je promets que je vais essayer de garder mon calme à partir de maintenant... »

« Ne t’excuse pas. Tu as ce dont on avait besoin. Mais si cette piste ne donne rien ? »

« Très bien. Si ça ne donne rien… Alors on arrête les recherches. »

Ça n’avait pas d’importance. Parce que si le Fantôme se dirigeait vraiment en territoire Xi’an, et qu’ils la manquaient encore une fois, ce serait fini de toute manière.

Un air de soulagement passa sur le visage de Rhys. « Bien. Alors on est d’accord. On va suivre cette piste, mais si on la perd, on passe à autre chose. »

Il hésita, puis fouilla dans sa poche et sortit un petit sac en velours. Les lèvres de Mila s’ouvrirent lorsqu’il sortit une longue chaîne, le pendentif Cassa se balançant au bout, ses magnifiques pierres nacrées brillant à la lumière de globes des quais.

Rhys attacha le pendentif autour du cou de Mila.

« Mais nos crédits… » Mila se réconforta à son contact léger. « On n'avait pas assez à gaspiller pour ça. »

Il haussa les épaules. « Peut-être que cette Compagnon avait raison à propos de ce truc après tout. Tout ce dont on avait besoin, c’était juste un peu de chance. Et on dirait qu’on en a eu. »

Sa voix était rauque, et Mila se mit sur la pointe des pieds pour l’embrasser. Il répondit avec intensité, la rapprochant de lui, pressant son corps contre le sien. Elle enroula ses bras autour de son cou et se perdit dans son regard.

Quand il s’éloigna, ses yeux étaient sombres. « D’abord le plan de vol. Mais en attendant d’avoir les autorisations… »

Mila lui offrit un petit sourire. « On se retrouve sur la couchette ? »

Il sourit et l’amena contre lui pour un autre baiser. « Et après ça… On attrape notre Fantôme. »

À SUIVRE…

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