Solar-7 : Episode 2 – Mulin, Stone, Cole

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Solar-7 : Episode 2 – Mulin, Stone, Cole

 
 
 
 
Peter Mulin est un des recruteurs de la guilde des chasseurs de prime dans le système Bremen, je crois qu’il fait également partie des contributeurs au magazine “Tracker”. Il est vieux, bourru et usé, mais il est utile. Car sans lui, adieu ma carrière de chasseuse de prime.

– Donc si je résume bien ce que vous venez de m’exposer, vous n’avez ni identité ni la moindre référence. Vous êtes relativement novice dans tout ce qui concerne la logistique spatiale, l’armement et les protections individuelles. Vous ne savez pas piloter, vous répugnez à utiliser la violence, et votre connaissance de la galaxie est limitée. C’est cela ?
La jeune femme s’inspectait les doigts et les ongles, elle releva le nez pour regarder le recruteur.
– Si je puis me permettre, il y a corrélation entre mon absence de référence et le fait que je n’ai pas d’identité. Cela signifie pas que je n’ai rien fais de ma vie, cela signifie simplement que je peux rien dire à ce propos.
– Mais si vous ne pouvez rien dire et rien partager de concret avec moi, comment puis-je vous évaluer ?
– Je crois qu’il serait insolent de ma part de vouloir vous apprendre votre travail, dit-elle s’efforçant de paraître le moins sarcastique possible.
– En effet, ce serait insolent. Mais ça ne règle pas notre problème, sur quoi dois-je me baser pour vous accorder une chance ?
– Faites moi confiance, laissez moi faire mes preuves.
– Vous avez quel âge ?
– Vingt deux ans
– Et vous ne savez absolument pas piloter ?
– Pratiquement pas, répondit-elle en adoptant une moue légèrement timide.

Il y eut plusieurs secondes de silence.
– De mon temps, on avait des principes dans ce métier. On ne se pointait pas dans un bureau les mains dans les poches en croyant qu’un simple visage d’ange et une attitude suffisait à donner de la crédibilité. Vous les jeunes, vous avez prit la mauvaise habitude de considérer que tout vous est du. L’humanité part vraiment en ruine, les traditions et le respect se perdent, bientôt il ne restera que chaos et anarchie.
La jeune femme posa les mains à plat sur la table.
– Je suppose que je dois considérer cette tirade éloquente comme une réponse négative à ma candidature ?
– Exactement.

La jeune femme se leva alors, tout en fixant son interlocuteur.
– Vous savez monsieur Mulin, je crois que depuis la nuit des temps il y a toujours eu des vieux schnocks pour ressasser sans cesse les mêmes fadaises ineptes sur le bon vieux temps. Et puis ces vieux schnocks meurent, et le monde ne s’en porte ni mieux ni moins bien.

Je déteste les vieux schnocks. Cela dit, je pense que je peux tirer un trait sur ma très hypothétique carrière de chasseuse de prime. J’aurai aimé lui dire que depuis l’âge de neuf ans, on m’avait enseigné énormément de choses utiles pour être apte à surmonter bien des sortes d’épreuves et de périls, mais je suis à peu près sure que ça n’aurait pas changé grand chose.

Je crois que j’ai un problème avec les Peter.

La jeune femme avait choisi la plus petite antenne locale de la guilde sur la planète Rytif, située dans ce qui s’apparentait vraiment à tout petit patelin à plusieurs heures de la cité de Stalford. Un patelin au milieu de grandes exploitations agricoles donc, abritant une poignée de commerces, quelques habitations et deux motels… En plus du bureau de Peter Mulin.
Il était tard le soir quand elle sortit de son entrevue, la nuit était sombre et il faisait bien froid. Il n’y avait plus la moindre personne dans la rue principale simplement éclairée par quelques néons. Elle marchait tranquillement, ruminant sur les difficultés qu’elle rencontrerait à chaque tentative pour trouver un emploi intéressant, il faut dire que son profil était particulièrement atypique. Elle s’arrêta devant un distributeur de boisson se frottant les mains pour se réchauffer alors qu’elle hésitait entre une boisson chaude et une célèbre boisson énergisante. Finalement elle opta pour un chocolat chaud, insérant les crédits et attendant… Tout cela pour se rendre compte que le distributeur était manifestement bloqué. Elle observa la machine avec insistance tout en faisant craquer ses doigts et lâcha finalement un long soupir de frustration.

C’est une mauvaise journée.

– Je peux peut-être vous aider ? Demanda alors une voix masculine étrangement aigue non loin d’elle. Elle tourna la tête immédiatement vers un homme d’une trentaine d’années, portant un long manteau marron. Il était plutôt grand mais particulièrement mince, des cheveux noirs assez longs plaqués en arrière. Il s’approcha un peu alors qu’elle continuait de le détailler des pieds à la tête. Elle remarqua aussi une petite cicatrice au niveau de l’oeil.
– J’ai un petit problème avec le distributeur, je ne pense pas que vous puissiez faire grand chose.
– Il m’est arrivé exactement la même chose hier soir, il y a une… manipulation à effectuer, vous permettez ? Demanda t-il poliment en approchant. Elle fit un pas de coté, prudente.
– Je vous en prie, faites.
Il vint juste a coté d’elle, face à la machine, observant celle-ci.
– Je m’appelle Stone.
Il capta le regard de la jeune femme dans le reflet de la glace du distributeur, puis baissa les yeux, invitant la jeune femme à faire de même pour qu’elle puisse constater qu’il tenait un pistolet braqué sur elle dans la poche de sa veste.
Elle tressailli légèrement et inspira, demandant d’une voix bien plus crispée.
– …Peter Stone ? le ton était presque blasé.
– Si ça peut vous faire plaisir.
Elle soupira.
– Vous allez marcher avec moi quelques minutes, nous avons une affaire à traiter, poursuivi t-il.
Elle lui emboita le pas, l’accompagnant sans geste brusque et réfléchissant d’hors et déjà à mille et une choses qui pourraient lui permettre de comprendre ou de réagir.

Je savais que j’aurai du choisir une Solar-7 !
Ironie du sort : Accident qui arrive à quelqu’un si fort à contretemps qu’il paraît une moquerie du sort, le hasard apportant le contraire de ce que l’on attendait; ou encore, contraste étrange que présentent deux faits historiques rapprochés par quelque côté.

Stone l’emmena dans une chambre de motel, ils n’avaient pas croisé la moindre âme qui vive durant les quelques minutes de trajet. Il referma la porte et sorti son arme de sa poche pour la pointer directement sur elle, approchant et saisissant la jeune femme pour la pousser face à une paroi de la chambre. Elle s’efforçait de rester calme et d’analyser la situation, si il avait voulu la tuer elle serait probablement déjà morte, il avait besoin de quelque chose et même si il la tuerait certainement après, elle avait un peu de temps.
– Vous êtes sur de bien vous adresser à la bonne personne ?
– Absolument certain, je viens de la part de monsieur Gray, à titre posthume.
Elle dégluti, fermant les yeux et maudissant le sort. Stone poursuivit.
– Vous lui avez prit une chose que je recherche activement.
– Non, non je ne lui ai rien prit du tout !
Il lui saisit un bras pour lui replier derrière le dos, tout en gardant le canon du pistolet posé entre ses omoplates.
– Cela voudrait dire qu’on m’a donné une mauvaise information, or on ne me donne jamais d’information erronée. Par exemple…
Stone rajusta sa prise pour saisir le pouce de la jeune femme, puis le tordre un coup sec. Un craquement se fit entendre puis la blonde se tordit de douleur et s’écroula à genoux alors que l’homme la relâchait pour reculer de deux pas et la tenir en joue. Elle se mordit très fort la lèvre pour ne pas crier. Alors il reprit le cours de sa phrase.
– …J’ai eu l’information que vous lui aviez fracturé le pouce avant de l’assassiner.
A moitié tremblotante, se tenant la main, elle releva la tête et posa sur lui un regard emprunt de rage contenue.
– Qu’est ce… Qu’est ce que vous cherchez ?? Di.. Dites le moi !
Il rangea alors son pistolet dans la poche de son manteau puis retira celui-ci et le posa sur le lit. Alors il commença doucement à remonter ses manches.
– Ce que je cherche, vous l’avez sur vous. Vous êtes une professionnelle, alors je vous offre une chance de vous défendre. Quand nous en aurons terminé, je prendrai ce qu’on m’a envoyé récolter sur votre cadavre. Stone regarda la jeune femme dans les yeux, son visage était véritablement taillé à la serpe, son regard froid et impitoyable jurait avec le timbre étrangement aigu de sa voix.

En général, quand un tueur professionnel vous tient à sa merci et qu’il décide de vous offrir un combat soit disant à la loyale, il y a deux hypothèses. La première, il sait qu’il est bien plus fort et il veut juste en profiter pour auto satisfaire son égo démesuré ou sa psychopathie latente. La seconde hypothèse serait qu’il soit arrogant, incapable d’évaluer correctement sa proie, et qu’il agit ainsi car il veut se prouver quelque chose. Dans son cas j’aurai opté pour la première proposition mais le fait qu’il m’ait blessé avant pourrait indiquer qu’il était loin d’être si sur de lui.

Dans tous les cas, je n’ai aucune autre option que de vérifier par moi-même. Je vous aurai bien demandé votre avis mais nous n’avons pas assez de temps pour un sondage.

Elle se releva, s’efforçant de contrôler sa respiration et de retrouver toute sa concentration, mettant la douleur de coté. Elle ne pouvait se servir offensivement que d’un bras, mais l’autre pouvait toujours l’aider défensivement, il savait très certainement bien se battre mais au moins il n’avait pas d’avantage particulier au niveau du gabarit…

Lui restait parfaitement immobile, l’observant sans rien montrer.

Elle s’avança et entama les hostilités, s’en suivi un combat vif, sec et précis. Peu de coups portés, car une seule attaque bien placée suffirait pour l’un ou pour l’autre. Cependant, toutes les tentatives de la jeune femme furent rapidement et efficacement contrées, et au bout d’une vingtaine de secondes d’affrontement intense, il bloqua le bras valide de la jeune femme et lui asséna un violent coup de paume sur la pommette puis la projeta fort contre la porte de la chambre. La seconde suivante il lui porta un coup si violent du plat du pied entre les omoplates que la porte céda et que la jeune femme la traversa pour s’écrouler dans la rue, des étoiles dans les yeux, une douleur lancinante dans le dos.

Stone resta un moment à contempler la scène, presque étonné de la piètre qualité de la porte de cette chambre de motel… Ou de la puissance de son coup.

Il ne fallu pas plus de temps à la jeune femme pour changer de tactique, restant assez lucide pour comprendre qu’elle n’avait aucune chance contre lui. Elle se redressa d’abord à quatre pattes, puis se leva en titubant et parti dans l’allée.

Pas trop vite, pas trop vite, il faut qu’il croit que je ne suis pas en état.

Il l’observa faire, puis récupéra son manteau et sorti de la chambre à sa suite. Toujours personne dans les rues, elle se trainait laborieusement le long de la paroi extérieure du motel, accélérant juste quand celui ci enfila son manteau en marchant vers elle. Elle arriva alors à l’angle et disparu de son champ de vision.

Elle couru quelques pas et traversa l’allée jusqu’a l’autre angle pour s’y cacher avant qu’il ne puisse la voir.

Reprend ton souffle, reprend ton souffle, reste lucide.

Il marcha dans l’étroit passage entre deux blocs du motel ou elle s’était glissée, sortant son pistolet et le pointant prudemment sur l’angle en continuant à avancer. Il l’entendait respirer, haletante d’abord puis de plus en plus calme, jusqu’a ne plus faire de bruit. Il plissa les yeux, puis réalisa alors et s’élança bien plus vite. Quand il arriva au bout du passage, il la vit courir une dizaine de mètres plus loin, à pleine vitesse cette fois. Il la mit en joue mais elle bifurqua à cet instant, se glissant encore à un angle… Certainement pour traverser et rejoindre la rue principale. Il fit marche arrière et traversa l’allée parallèlement à elle pour l’avoir en visuel de l’autre coté. Elle était alors dans la rue principale et courait à grande foulée, ayant prit encore plusieurs mètres d’avance. Il n’avait d’autre choix que de s’élancer à sa poursuite.

Cours, cours, ça tu sais bien le faire !

Buste droit, foulée ample et bondissante, technique parfaite, la jeune femme courrait le long de la rue à une vitesse impressionnante. Son poursuivant n’avait d’autre choix que de tenter de la suivre, si il s’arrêtait pour la mettre en joue il risquerait de perdre trop de terrain et elle pourrait alors emprunter une ruelle et trouver une cachette. Il suivait, courant vite derrière.
Longtemps en ligne droite, elle traversa littéralement le patelin entier ainsi, toujours sans rencontrer la moindre personne mais gagnant inexorablement du terrain sur le tueur.

Finalement, alors qu’elle arrivait au deuxième motel de la ville, totalement à l’opposé du premier et à deux kilomètres seulement du petit terrain d’atterrissage, elle ralentit, il n’était plus en vue. Elle emprunta au petit trot l’allée des chambres de ce motel, reprenant son souffle, elle sorti de sa poche arrière un petit outil de crochetage électronique et s’arrêta à une porte pour l’ouvrir et se glisser dans la chambre, puis elle la referma sans un bruit.
Il faisait noir, elle resta plaquée dos contre la porte, reprenant son souffle de manière disciplinée, le plus méthodiquement et discrètement possible. Il ne fallait surtout pas allumer la lumière, sa vision allait s’habituer à l’obscurité. Il n’était pas loin, il pouvait arriver au motel à n’importe quel moment. Elle était bien cachée, elle ne saignait pas et il n’avait pas plu ni neigé, elle n’avait donc pas laissé de traces à suivre pour lui. Il allait peut être abandonner.

C’est alors que Stone arriva dans l’allée de portes du second motel, il respirait fort lui aussi, la jeune garce avait couru comme une athlète et il avait du se résigner à se faire distancer. Malgré tout elle n’était pas loin, il en était sur et il connaissait sur le bout des doigts le mode de fonctionnement des jeunes assassins de la secte, il savait qu’elle était cachée là, non loin, probablement dans une des chambres…
La jeune femme entendit les bruits de pas d’un homme qui court, puis ensuite elle l’entendit reprendre son souffle quelques instants. Elle serra les dents, espérant un instant qu’il ne fasse que récupérer avant de reprendre sa course. Mais la respiration s’arrêta assez vite et c’était maintenant des bruits de pas lents qu’elle entendait, elle le maudit alors intérieurement même si cela ne l’aiderait en aucun cas.

Elle entendit un pas, un second, puis un troisième, puis plus rien quelques secondes… Ou alors si, il…vissait quelque chose. Elle entendit alors un petit bruit sourd, une sorte de sifflement suivi du bruit de choc d’un petit objet sur une paroi. Encore quelques secondes sans le moindre bruit. Puis elle entendit de nouveau ses pas, se rapprochant.

Quel enfoiré !

Nouvel arrêt, nouveau sifflement sourd puis petit bruit de choc… Nouvelle pause… puis de nouveau les bruits de pas. Il avançait, forçait les serrures avec son arme et un silencieux, porte après porte. La jeune femme angoissait, rester lucide allait devenir de plus en plus compliqué, elle observait la chambre dans la pénombre, cherchant n’importe quoi d’utile.
Nouvel arrêt, nouveau sifflement sourd puis petit bruit de choc… Cette fois rapidement suivi par un court dialogue.
– M… mais qu’est-ce que… ? Une première voix
– NOOOOOOON ! une seconde
Sifflement puis choc plus lourd, et second sifflement puis choc plus lourd, coup sur coup.

Cet enfoiré vient de tuer deux innocents.
Définitivement, en ce qui concerne Stone, il s’agit de la première hypothèse.

Nouveaux bruits de pas, la prochaine porte était celle de la jeune femme.
Un bureau et une chaise juste à coté d’elle, un lit, une armoire et une commode, un écran et une salle de bain…Rien qui pourrait la sauver plus de quelques secondes. Elle leva alors les yeux en l’air une seconde, pas de faux plafond mais une structure tubulaire caractéristique d’un motel construit à la hâte en empilant des compartiments préfabriqués…

Nouvel arrêt, nouveau sifflement, elle vit la serrure projetée à travers la pièce contre la paroi d’en face. Puis la porte s’ouvrit sans un bruit, elle vit d’abord l’arme, puis le tueur impitoyable qui la tenait. Il balaya rapidement la pièce du regard, penchant légèrement la tête pour observer la salle de bain, mais elle était si étroite que personne n’aurait pu s’y cacher. Il ressorti, tirant la porte derrière lui.

Nouveaux bruits de pas, puis nouvel arrêt, et nouveau sifflement….Il continuait.

La jeune femme était accrochée à la structure tubulaire du plafond, un pied sur une paroi et l’autre pied sur l’autre pour se stabiliser, serrant les dents et souffrant le martyr car même si elle ne se suspendait pas à l’aide de sa main blessée, son pouce la faisait durement souffrir. Elle attendit ainsi presque une minute, mais plus aucun bruit. Stone avait du vérifier toutes les chambres et il allait probablement repartir.
Elle se décida alors à laisser retomber ses jambes, s’agrippant toujours à la structure d’un bras. Elle posa d’abord un pied sur le bureau duquel elle s’était hissée, puis le second, et seulement enfin elle lâcha la structure et redescendit sans un bruit.

Elle quitta la chambre et se glissa dans les ombres à travers les ruelles de la petite ville, se dirigeant vite vers le terrain d’atterrissage.

Une dizaine de minutes plus tard…

La jeune femme traversait furtivement l’espèce de parking à vaisseau du petit spacioport, il n’y avait guère plus d’une douzaine d’appareils. Quelques freelancers, quelques Auroras et une poignée d’autres qu’elle ne connaissait pas. Elle avait couru jusqu’ici et ne se sentait pas très bien. Sa pommette avait bien enflé, sa douleur au dos gênait ses déplacements et sa main gauche était toute engourdie, le pouce blessé lui infligeant une douleur lancinante et permanente. Elle devait essayer d’arranger ça.
Elle s’accroupit a proximité d’un petit vaisseau et se glissa légèrement dessous pour s’asseoir un peu à l’abris. On était au beau milieu de la nuit, il faisait très froid, la zone de parking n’était pas couverte, simplement éclairée par quelques spots de lumière assez faibles. Toujours personne aux environs.
Elle jugea que sa blessure à la pommette était superficielle, et que le coup porté à son dos n’avait rien cassé sinon elle aurait eu beaucoup plus mal que ça. Il restait le pouce, là c’était du sérieux. Tout était déjà bien enflé et le pouce formait un angle tout à fait anormal avec le reste de la main, elle prit quelques instants pour se concentrer avant d’entreprendre de le replacer correctement. Cela n’arrangerait pas la blessure en elle même mais la main serait plus facile à bander ainsi. Elle serra les dents très fort, allant puiser ce qu’il faut de courage, puis elle força d’un coup sec et replaça le pouce dans sa position “normale”. Elle ne put retenir un cri, soufflant ensuite, bien en sueur et probablement proche d’avoir un malaise.

Elle entendit alors un bruit, la porte du petit vaisseau s’ouvrait, et quelqu’un en sortait.

Merde, merde merde merde…Quelle journée de MERDE !

Il descendit les marches du vaisseau, puis fit un ou deux pas a coté, tout près d’elle, elle ne voyait que ses bottes et son pantalon. Puis il s’accroupit, une bière à la main, la regardant, tout à fait calme et stoïque.
– Salut, je…peux savoir c’que tu trafiques sous mon vaisseau ?
– Je…je fais ce que je peux !
Elle le regardait, au moins il ne semblait pas agressif, il devait avoir aux alentours de la quarantaine, plutôt bien foutu, encore fallait-il aimer le style cowboy de l’espace…
– T’as pas l’air en grande forme hein ? Dit-il calmement d’une voix trainante.
– C’est moins grave que ça en a l’air ! Répondit-elle en voulant montrer le moins de faiblesse possible.
– Moi c’est Cole. T’as besoin d’un coup de main ?
– Je n’ai pas confiance.
Il sembla hésiter un peu, puis se releva.
– Ok, alors bonne nuit, mais tu devrais choisir un autre vaisseau parce je vais décoller là.
Il s’apprêtait à remonter à bord, elle bouillonnait intérieurement. Et assez stupidement elle allait décider de la confiance qu’elle lui accorderait sur une simple question absurde.
-…Peter Cole ?
Il se baissa de nouveau, intrigué.
– Naaan.
La jeune femme eut un soupir de soulagement plus nerveux que logique. Elle décida de lui accorder le bénéfice du doute, de toute façon il représentait une occasion en or.
– Ok je… J’ai besoin d’aide oui.
Il sourit un peu et tendit la main pour l’aider à sortir de sa cachette.
– Aller viens, je vais te filer un coup de main, j’ai une trousse de soin à l’intérieur.
Elle accepta l’aide et s’agrippa à lui pour monter à bord.

De l’extérieur, la jeune femme avait trouvé le vaisseau plutôt moche, de l’intérieur ce n’était pas beaucoup plus engageant. C’était tout petit : un poste de pilotage niché dans le nez de l’appareil, un étroit couloir long d’environ cinq mètres où se trouvait tout ce qui peut s’apparenter à du mobilier; à savoir un fauteuil avec un poste de travail mural bourré d’écrans ainsi que d’instruments électroniques et informatiques, puis à coté quelques sas de rangements pour des habits, du ravitaillement, des outils; et enfin à l’autre bout une couchette encastrée au dessus d’un minuscule compartiment toilette. Le tout était assez bien entretenu mais en léger bordel, enfin un bordel inhérent à un quadragénaire itinérant endurci qui devait utiliser son vaisseau comme appartement.

Vous en pensez quoi vous de ce type ? Je suis très circonspecte, mais je ne suis pas non plus en état de faire la fine bouche. Il a un vaisseau, il peut m’emmener loin de ce foutu psychopathe de Stone… Je crois que ça suffira amplement pour le moment.

Cole avait sorti une petite trousse de soin et avait vaguement essayé de lui proposer son aide mais elle avait refusé promptement, rechignant clairement à se faire toucher. Depuis il la laissait faire, sirotant sa bière Liberty Lake et s’asseyant sur le petit fauteuil du poste informatique. Au bout de quelques minutes elle le regarda, presque timidement.
– Hmm monsieur…Cole, est ce que vous accepteriez de m’emmener avec vous ? Je pourrai vous payer pour ça bien entendu.
– Ca me parait envisageable ouaip, répondit-il de sa voix trainante avant de poursuivre. Comment tu t’appelles ?
– Je… peu importe.
– T’as pas de mobiglass sur toi ?
Elle secoua la tête.
– Ecoutez c’est compliqué, mais pour résumer ma situation. Je n’ai plus d’identité et j’ai eu un problème avec un… un abruti qui a essayé de… d’abuser de moi.
Cole s’adossa sur son fauteuil, la détaillant.
– T’es pas obligée de te justifier mais je suis pas certain que tu aies de quoi payer, j’me trompe ?
Elle marqua une pause, réfléchit une seconde et finit par hocher doucement la tête. Il fit de même et enchaina.
– Ok, voilà ce que je te propose. On décolle et on avise.
Après un petit pincement de lèvre, elle répondit.
– D’accord mais… Il est absolument hors de question d’une quelconque forme de rémunération en nature monsieur Cole !
Il sourit un peu, ne semblant visiblement pas avoir envisagé la chose.
– Ca marche, t’as l’air coriace de toute façon, je vais éviter de te foutre en pétard.
Il se releva doucement, lui faisant un petit signe de la main auquel elle finit par répondre d’un tout léger sourire reconnaissant.
– Accroche toi mademoiselle, on va quitter c’trou à rat.

Cole s’installa au poste de pilotage, elle vint s’installer au poste informatique, s’attachant et achevant son attelle de fortune à la main. Elle avait prit des anti inflammatoires mais il lui faudrait malgré tout de véritables soins médicaux pour arranger cette blessure.
Il fallu au pilote quelques minutes pour calibrer le petit vaisseau pour le décollage.
– C’est quoi votre boulot Cole ?
– Je suis messager.
– Et ce… truc qui vous sert de vaisseau, enfin ne le prenez pas mal mais, c’est quoi ?
Il rit un peu.
– C’est ma ptite bombe, je l’appelle Heraldess.
La jeune femme demanda, autant inquiète que sarcastique.
– Très…original, vous dites bombe parce qu’il risque d’exploser à tout instant ?
Il rit encore.
– Naaan c’est juste qu’elle est très rapide. Et c’est un Drake Herald, ça c’est le nom du modèle. Heraldess c’est autant parce que je lui trouve un p’tit coté féminin que parce que j’manque cruellement d’imagination pour nommer mes vaisseaux.
– Vous en avez crashé beaucoup ?
– Jamais avec d’aussi jolies passagères.

La jeune femme secoua légèrement la tête, amusée au final. Et l’Heraldess décolla, direction l’espace…
 
 

A suivre …

 
 
 
 

– Bonus: Ten for the Vassharans –

– Enregistrement E-VASS-JC04 –
Lecture en cours…

Solar-7_05
Bonjour je suis le professeur Warren Armitage.
Etant donné que avez déjà passé trois fois cet enregistrement auprès de mon assistante je ne vais pas vous répéter les quelques consignes et l’objectif de cet interview. Vous postulez pour le poste de pilote de notre vaisseau de recherche, vos états de services sont exemplaires alors cet entretien ne devrait être qu’une formalité.

WA: Comment vous appelez vous ?
JC: Cole… Joe Cole.

WA: Que pouvez vous me dire sur votre passé ?
JC: Okay, on fait un bond jusqu’en 2925, ma première opération d’envergure. L’amiral avait décidé de frapper un grand coup en mobilisant un Bengal escorté d’une bonne demi douzaine de destroyers et toute la décoration de vaisseaux de supports qu’on imagine. Tout ce petit monde en territoire Vanduul… Ils avaient pas appréciés du tout les Vanduuls, mais ils ne l’avaient pas joué affrontement frontal pour autant. Non non, ils nous suivaient à distance, préparaient des embuscades, lançaient des raids éclairs… En tout l’opération à duré plus de trois semaines et y’a pas eu une journée sans combat. Moi j’pilotais à bord d’un Hornet F7C-R, mon boulot c’était éclaireur, repérer les ennuis le plus tôt possible pour permettre à la p’tite flotte de planifier ou de réagir le plus efficacement possible, j’peux vous assurer que c’était du sport… Au final, chez les pilotes de chasseurs à être rentrés en vie de tout ça, j’ai été le seul à avoir un tableau d’chasse parfaitement vierge, j’ai pas détruit un seul Vanduul. Et vous savez la meilleure ? Et bien j’ai aussi été le seul pilote décoré de toute l’opération qui n’avait pas été un franc succès, mais on avait pas perdu tant de monde que ça. C’est ce qu’a été dit en tout cas par le commandement, c’est jamais agréable de perdre du monde, j’ai pas l’impression que c’est une chose qu’on devrait quantifier, même si je ne nie pas l’utilité stratégique de tenir des comptes.
Tout le monde l’aime bien cette histoire du guerrier pacifique…
J’vous en raconte une autre ?

WA: Je crois que ça ira, que pouvez vous me dire sur votre présent ?
JC: j’accuse un peu l’coup là, mais j’ai l’vé le pied sur le l’vé d’coude, si vous voyez c’que j’veux dire.

WA: Ce n’est rien de le dire, au moins vous nous avez épargné l’anecdote sur votre ex femme du deuxième enregistrement. Que pouvez vous me dire sur votre avenir ?
JC: Ca va vous faire marrer mais, j’pense qu’il faut que j’arrive à m’rabibocher avec mon ex-femme, c’est une vraie teigne ça c’est sur, mais c’est la mère de ma fille vous voyez et… Merde elle est capitaine dans la Navy quoi, et d’ici quelques années elle finira Amiral c’est quasi acté, ça en jette. Bon c’est sur, capitaine Cole c’est encore plus classe.

WA: Quelles sont vos compétences ?
JC: Je suis un putain d’pilote, et ça veut dire plein d’choses.

WA: Et quelles sont les compétences que vous souhaiteriez développer ?
JC: Votre projet m’intéresse, pas seulement l’fait de prendre les commandes de votre joli Constellation. Alors j’vais bosser en neurologie, en imagerie mentale et en nanotechnologie. Pas qu’je compte devenir un crack mais au moins j’pourrai blablater avec le reste de l’équipe.

WA: Quelles sont vos motivations pour nous rejoindre ?
JC : Impressionner mon ex-femme ? Naaan, disons que j’ai vraiment envie de sortir un peu de l’UEE, j’crois même que j’en ai besoin. J’viens pas pour le salaire en tout cas, même si il est sympa.

WA: Que pouvez vous me dire de vos qualités ?
JC: Je sais garder la tête sur les épaules, je sais garder mon sang froid et je suis quelqu’un de fiable. Ah j’ai d’supers gouts musicaux aussi.

WA: Et que pouvez vous me dire de vos défauts ?
JC: Quand j’suis pas d’accord j’le dis. On m’a déjà dit que je m’attachais parfois trop, trop humain c’est ça ? J’en sais rien. J’crois que j’suis un idéaliste et que c’est pas forcément en vogue ces temps ci.

WA: Nous avons pratiquement fait le tour monsieur Cole, que pensez vous de cet entretien ?
JC: Sans vous manquer d’respect professeur, j’espère qu’on me le refera pas faire une cinquième fois, parce que là j’vais vous parler de ma fille, et c’est encore plus passionnant que mon ex-femme.

 


 

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